Angela Merkel, peu habituée aux critiques des siens, doit défendre lundi une solution européenne à la crise des réfugiés lors du congrès d'un parti conservateur en proie aux divisions sur la politique d?accueil des réfugiés de la chancelière allemande.
Angela Merkel, qui s'exprimera devant un millier de délégués de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) lundi en milieu de journée, n'a pas l'intention de céder à ses contempteurs.
Ce week-end, elle a certes répété vouloir "réduire nettement" le nombre de migrants mais elle a aussi réaffirmé son opposition à l'instauration d'un plafond chiffré pour restreindre le nombre de migrants arrivant en Allemagne.
A la fin novembre, il frôlait déjà le million, un nombre symbolique qui devrait donc être franchi sur l'ensemble de l'année.
La chancelière, qui dirige depuis 15 ans la CDU, doit affronter des critiques inhabituellement virulentes dans son propre camp de ceux qui réclament un coup de frein à l'afflux de migrants.
- Défi le plus complexe -
Son turbulent allié bavarois de la CSU plaide également pour un plafond chiffré et ne cesse de lui mener la vie dure depuis qu'elle a décidé, à la fin de l'été, que l'Allemagne allait accueillir à bras ouverts les réfugiés fuyant la guerre et la terreur.
Les commentateurs politiques prédisent donc l'un des congrès les plus importants pour la chancelière, 61 ans, qui vient de fêter ses 10 ans à la tête du gouvernement.
Tout en reconnaissant que la crise des réfugiés était "la question la plus complexe" depuis qu'elle gouverne, Angela Merkel a insisté sur la nécessité de trouver des réponses européennes et non allemandes à cette crise qui ébranle l'Union européenne toute entière.
Un sommet à Bruxelles consacré notamment à cette crise doit d'ailleurs se tenir jeudi et vendredi.
Temps fort du congrès de la CDU à Karlsruhe (sud-ouest): le débat sur une motion prônant des "mesures efficaces" pour réduire nettement l'afflux de demandeurs d'asile.
Âprement discuté ces derniers jours, il doit résumer la position d'Angela Merkel en prônant une action européenne conjointe, notamment à la frontière gréco-turque, principale portée d'entrée des migrants dans l'UE.
Berlin a été l'un des initiateurs d'un rapprochement avec Ankara pour tenter de retenir en Turquie les plus de deux millions de réfugiés syriens qui ont fui leur pays depuis le début du conflit.
"Nous voulons réduire nettement le nombre de migrants non pas par des mesures unilatérales nationales" mais "avant tout par des mesures internationales et européennes", a-t-elle insisté sur la chaîne ARD dimanche soir.
"Nous devons combattre au niveau international les raisons qui poussent les migrants (à fuir leur pays), et protéger les frontières extérieures de l'UE", a-t-elle souligné.
Elle a aussi rappelé une nouvelle fois "la responsabilité humanitaire" de l'Allemagne vis-à-vis de ces réfugiés en détresse qui fuient "contre leur gré leur pays".
Le résultat du vote sur cette motion sera scruté avec une grande attention et le cas échéant interprété comme un signal de défiance à l'égard de la chancelière.
Parmi les Allemands, le mécontentement est de plus en plus grand. Ainsi 49% d'entre eux se disent opposés à la politique suivie par Berlin tandis que 47% jugent le travail d'Angela Merkel positif, selon le baromètre politique de la chaîne publique ZDF.
- Société ébranlée -
Toutefois, certains éditorialistes relativisent la portée des voix discordantes de la CDU car même si la chancelière a perdu de sa superbe, elle reste sans rival à l'intérieur et à l'extérieur du parti.
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