Le socialiste Jean-Yves Le Drian, qui va rempiler à la tête de la région Bretagne, restera l'exception du scrutin: élu haut la main sans faire campagne, "chef de guerre" contre l'EI, il est quasiment assuré de demeurer à la Défense.
Avec 51,4% des voix, le ministre-candidat, 68 ans, signe le meilleur score de la gauche et de toutes les triangulaires du second tour.
Ce ministre de la Défense "100% Breton", qui a toujours gardé un pied dans sa région malgré ses tours du monde sur les théâtres d'opérations ou comme VRP du Rafale, incarne tout à la fois discrétion et ténacité.
En politique comme à l'international, il a engrangé les résultats sans faire de bruit, jusqu'à devenir un pilier de la présidence Hollande et le ministre préféré des Français selon des sondages.
Il s'est vu toutefois reprocher d'avoir tardé à dévoiler des accusations de viol contre des soldats français en Centrafrique, alors même qu'il en était averti depuis des mois et avait saisi la justice.
Au fil des interventions au Mali, en Centrafrique puis en Irak et Syrie - un record sous une même présidence - le "faucon" Jean-Yves Le Drian a imprimé sa marque.
Réputé coriace et direct, il a refusé de prendre plus d'écologistes sur sa liste des régionales malgré les pressions au plus haut niveau de son camp.
- "Buté comme un Breton" -
"Il est buté! Buté comme un Breton", lâche alors un ténor socialiste, exaspéré. "Je n'ai jamais marché au chantage. Ni aujourd'hui ni demain", réplique l'intéressé sur Le Point.fr.
Cette ténacité passe aussi pour la clé de son succès à l'exportation. Sous sa houlette, le chasseur Rafale, qui n'avait jamais trouvé preneur à l'étranger, s'est vendu en Egypte et au Qatar et fait l'objet de négociations avancées avec l'Inde et d'autres pays.
"Le talent de Le Drian, c'est de prendre le temps (). Quand il va dans un pays du Moyen-Orient, ce n'est pas une escale de trois heures au retour d'un déplacement en Australie", raconte un proche dans le livre "Les Guerres du Président" de David Revault d'Allonnes.
Le ministre affiche des liens décomplexés avec des dirigeants contestés en matière de droits de l'Homme, à commencer par le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi.
Mais quel que soit son champ d'action, il agit toujours de concert avec François Hollande, dont il est très proche.
"C'est un homme sécurisant, loyal au président, pas dans l'esbroufe", résume Bernard Poignant, un autre intime du chef de l'Etat, qui connaît depuis 50 ans ce Breton passionné de football et de cyclisme.
Issu d'un famille ouvrière, agrégé d'histoire, Jean-Yves Le Drian a acquis tous ses titres de "noblesse" en Bretagne, une région à forte tradition militaire qu'il connaît sur le bout des doigts.
Longtemps maire de Lorient, sa ville natale, il a décroché ses galons d'expert des questions militaires à la Commission Défense de l'Assemblée nationale entre 2002 et 2007.
En 2004, il devient le premier président socialiste de la région Bretagne. Nommé à la Défense en 2012 après l'élection de François Hollande, il quitte alors la présidence de la région mais continue de suivre de près ce qui s'y passe.
En prenant la tête de la liste PS en octobre, il avait promis aux Bretons de redevenir président de région s'il l'emportait, quitte à devoir renoncer à la Défense au nom de la règle du non cumul édictée par François Hollande.
Après les attentats du 13 novembre, la donne a changé. M. Le Drian fera exception à la règle au nom de la lutte contre le jihadisme et de la sécurité nationale.
"Il se trouve que nous sommes en état d'urgence et que le président de la République a souhaité que je continue à assurer mes fonctions le temps nécessaire", a-t-il lui-même déclaré dimanche soir.
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