Le PS a tiré son épingle du jeu malgré la perte de l'Ile-de-France dimanche soir au second tour des élections régionales, en conservant cinq régions et en voyant sa stratégie pour faire barrage au Front national couronnée de succès.
Ces résultats laisseront néanmoins un goût amer à la majorité, qui dirigeait quasiment toutes les régions sauf l'Alsace depuis 2010: arrivé troisième au premier tour des élections, le PS a dû sacrifier ses élus en Nord-Pas-de-Calais-Picardie et Paca pour laisser les meilleures chances aux Républicains. En Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne, le maintien de Jean-Pierre Masseret malgré les consignes de Solférino s'est soldé par la victoire du candidat LR Philippe Richert.
Très incertain en Ile-de-France, le scrutin a finalement tourné à l'avantage de l'ancienne ministre Valérie Pécresse (LR). La défaite est cuisante pour Claude Bartolone, qui n'a pas réussi à conserver à gauche la première région française (30% du PIB), après dix-sept ans de règne du socialiste Jean-Paul Huchon. Il a annoncé dans la soirée, comme il s'y était engagé, qu'il remettait son mandat de président de l'Assemblée nationale en jeu.
Le PS, qui se disait dès avant le premier tour confiant pour les trois régions de l'Ouest (Bretagne, Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon), les remporte effectivement haut la main, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian obtenant même la majorité absolue (51,4%) en Bretagne.
Autres régions tombées dans l'escarcelle de la gauche, à la faveur de triangulaires très serrées: le Centre-Val-de-Loire, et la Bourgogne-Franche-Comté, où avait plané entre les deux tours l'ombre d'une possible victoire du FN.
- "Un succès sans joie" -
Malgré ces résultats meilleurs qu'attendus, l'heure n'était pas aux démonstrations de joie dans les rangs de la majorité dimanche soir. "Ce soir: aucun soulagement, aucun triomphalisme. Le danger de l'extrême droite n'est pas écarté", a rapidement réagi Manuel Valls.
"Pour le Parti socialiste, ces résultats constituent un succès sans joie", lui a fait écho le Premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis. "Sans joie () parce que l'abstention est encore trop forte. Sans joie, parce que l'extrême droite est décidément trop haut. Sans joie enfin, parce que des candidats de gauche ont dû se retirer en vue du second tour", a-t-il expliqué.
Alors que le Premier ministre a creusé son sillon en invitant à suivre "une seule ligne de conduite: la République", le premier secrétaire a appelé le gouvernement à infléchir sa politique pour "faire barrage aux inégalités". "Nous ne pouvons plus continuer comme cela. Il faut agir contre la précarité et pour l'activité comme nous nous sommes attaqués à la compétitivité et à la refondation de l'école", a-t-il estimé.
"C'est l'inflexion qui doit intervenir dans les 18 mois à venir", a-t-il appuyé.
L'entourage de M. Cambadélis a évoqué auprès de l'AFP un résultat "inespéré", et "un succès personnel de Jean-Christophe Cambadélis: sans lui pas de barrage au FN". Alors qu'il avait pris ses distances avec le front républicain en septembre, le premier secrétaire a très rapidement demandé dimanche dernier aux candidats PS de se retirer dans les trois régions où le FN pouvait l'emporter.
A l'aile gauche du parti, les frondeurs voient dans les résultats des régionales des motifs renouvelés pour réclamer un "nouvel agenda politique" et un rassemblement de la gauche. Leur chef de file Christian Paul a salué un "sursaut civique remarquable" qui a mis en échec le FN, tout en invitant les socialistes à "ne pas pratiquer la politique de l'autruche". Arrivé troisième au premier tour, avec 23,12% des voix, le PS court le "risque" de ne pas être présent au second tour de la présidentielle en 2017, a-t-il souligné.
Le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, a de son côté réclamé un "vrai changement de cap" contre le chômage et la précarité "et pas seulement une inflexion".
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