Largement devancé au soir du premier tour des régionales en Paca par la députée FN Marion Maréchal-Le Pen, le député-maire LR de Nice Christian Estrosi a finalement profité à plein du retrait du candidat socialiste pour décrocher la victoire au second tour.
Avec 14 points et près de 250.000 voix de retard sur sa rivale (26,48% des voix, contre 40,55%) le 6 décembre, le second tour paraissait mal parti pour l'ex-ministre de l'Industrie, dont l'image, très marquée à droite, risquait d'être un handicap pour attirer le vote d'électeurs de gauche privés de candidat après le retrait du socialiste Christophe Castaner (16,59%).
A la tête de la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur, l'ex-champion motocycliste va mettre un terme à 18 ans de présidence socialiste en succédant à Michel Vauzelle. Vers 22H00, selon des résultats partiels, Christian Estrosi engrangeait près de 52% des voix, contre 48% à sa rivale, en tête uniquement dans le département du Vaucluse, dont elle est députée.
"Avec cette victoire nous avons déjoué tous les pronostics", s'est réjoui Christian Estrosi dimanche soir. "C'est la victoire d'un grand peuple, qui une fois de plus a montré sa capacité à déjouer l'imposture, refuser les diktats, et a montré sa capacité de résistance", a-t-il poursuivi.
"Il y a des victoires qui font honte aux vainqueurs", lui a rétorqué deux heures plus tard Marion Maréchal-Le Pen. Son grand-père Jean-Marie Le Pen a également échoué au même endroit à trois reprises, en 1992, 1998 et 2010. "Il n'y a pas de plafond de verre" au score du FN, a-t-elle aussi estimé, se félicitant d'avoir réalisé en Paca le meilleur score de son parti en France.
Face à sa rivale d'extrême droite, le maire de Nice avait endossé dans l'entre-deux-tours un nouvel habit de "résistant" et choisi pour sa première sortie Vitrolles, une ville symbole des premières victoires du FN dans la région Paca à la fin des années 90.
- "Ne pas trahir" -
Et tout au long de la semaine, Christian Estrosi a multiplié les appels du pied en direction des électeurs de gauche, ceux de Christophe Castaner, et ceux aussi d'EELV et du Front de Gauche, qui avaient fait liste commune (6,5%).
Promesses dans le domaine culturel, engagement à créer un conseil territorial dirigé par des anciens présidents de la région (dont les socialistes Michel Vauzelle et Michel Pezet) pour entendre toutes les voix, y compris à gauche, multiples références au "gaullisme social", le maire de Nice a mis les bouchées doubles pour atténuer quelque peu une image très droitière.
"Que soient remerciés celles et ceux à gauche qui ont fait le sacrifice de leur présence au sein de l'hémicycle régional pour permettre le triomphe des idéaux républicains que nous avons en partage", a-t-il déclaré après l'annonce de sa victoire.
"Je sais que par leur vote, ils n'ont pas abdiqué leurs convictions mais qu'ils ont su faire prévaloir l'intérêt général. Vis-à-vis de ceux-ci, je sais la responsabilité qui pèse sur mes épaules de ne pas trahir ces idéaux républicains", a-t-il conclu.
"Je serai une vigie exigeante, parce que notre sacrifice ne peut pas se faire pour donner un blanc-seing", lui a répondu Christophe Castaner, député-maire de Forcalquier (Alpes-de-Haute-Provence), annonçant la création prochaine "d'un observatoire de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, avec les forces vives, les différents partis politiques, les fédérations socialistes" pour pallier l'absence d'élus de gauche à la région.
"Christian Estrosi le sait, il doit sa victoire au sens de la responsabilité du Parti socialiste et de la gauche qui ont su être républicains et prendre leurs responsabilités", a indiqué M. Castaner dans un communiqué. "Ce choix engage Christian Estrosi", a-t-il insisté.
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