Le Front national n'a pas confirmé dimanche sa percée historique du premier tour aux élections régionales, en ne décrochant aucune région, la droite et la gauche s'en partageant chacune au moins cinq.
Dans un scrutin marqué par une progression spectaculaire de la participation, l'extrême-droite a échoué aussi bien en duel dans le nord, où la présidente du FN Marine Le Pen affrontait Xavier Bertrand (LR) qu'en Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca), théâtre de la bataille entre sa nièce Marion Maréchal-Le Pen et Christian Estrosi. Idem en triangulaire, dans le Grand Est pour Florian Philippot et en Bourgogne-Franche-Comté pour Sophie Montel.
Battue largement dans le Nord où la gauche s'était retirée pour faire barrage à l?extrême droite, Marine Le Pen a fustigé un "régime à l'agonie". Elle a aussi assuré d'une "montée inexorable" du FN, et averti: "rien ne pourra nous arrêter".
Selon les premières estimations vers 20H00, l'échec du FN ne semblait pas bénéficier à un camp en particulier.
Se refusant à tout "triomphalisme", Manuel Valls a estimé que l'"élan très digne" des électeurs était une "injonction à en finir avec les petits jeux politiciens, les invectives, les sectarismes".
La droite, conduite par Les Républicains, l'emporterait dans au moins cinq régions métropolitaines: Nord-Pas-de-Calais-Picardie et Paca -avec plus de dix points d'avance sur le FN-, Alsace-Lorraine-Champagne-Ardennes, Auvergne-Rhône-Alpes et Pays-de-la-Loire.
En outre, elle emporte La Réunion, selon des résultats définitifs.
La gauche, qui avait appelé à voter pour la droite dans trois régions où le FN était en bonne position de l'emporter, a beaucoup mieux résisté que prévu en gagnant au moins cinq régions: victoires nettes en Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, et Bretagne, où le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian s'est imposé. Et de justesse devant la droite en Centre-Val-de-Loire et Bourgogne-Franche-Comté, où le FN est troisième.
La gauche "n'aura pas la déroute annoncée", s'est félicité le patron du PS Jean-Christophe Cambadélis, le ministre Jean-Marie Le Guen saluant un "sursaut républicain".
L'incertitude demeurait en revanche en Normandie, où la droite et la gauche étaient au coude-à-coude, devant le FN troisième. Les premières estimations pour l'Ile-de-France, où le duel s'annonçait serré entre Claude Bartolone (PS) et Valérie Pécresse (LR) sont elles attendues un peu avant 21H00. En Corse, c'est l'autonomiste Gilles Simeoni qui était donné net vainqueur.
Le FN n'a donc pas pu confirmer sa forte poussée du premier tour, où il était arrivé en tête dans six régions, avec un nouveau record historique (27,7% au niveau national).
- "Plafond de verre" pour le FN -
"C?est un essai non transformé une fois de plus. Comme aux départementales, le FN ne parvient pas, faute d?alliés et de réserves à l?emporter, au second tour, où il se heurte toujours à un plafond de verre. Par ailleurs, le patronyme Le Pen est un formidable booster mais il entraîne aussi plus massivement une mobilisation en contre au second", a commenté dimanche soir pour l?AFP le politologue Yves-Marie Cann (Elabe).
Dans son discours juste après 20H, Xavier Bertrand a toutefois appelé la classe politique à la modestie et rappelé le "coup de tonnerre" du premier tour, peut-être "le dernier avant que le FN ne prenne le pouvoir".
Hasard du calendrier, le dernier scrutin du quinquennat s'est déroulé un mois jour pour jour après les attentats les plus meurtriers jamais commis en France (130 morts). La campagne a été largement marquée par ce drame, dans un contexte d'état d'urgence décrété jusqu'à la fin février.
Depuis une semaine, la forte poussée du FN a braqué les regards de l?Europe entière sur la France et l'entre-deux tours a été dominé par la mobilisation face à l'extrême droite.
Manuel Valls avait dramatisé les enjeux en mettant en garde contre "la division" prônée par le FN, pouvant conduire, selon lui, jusqu'à la "guerre civile".
- Turbulences à droite -
Droite et gauche se sont activées toute la semaine pour mobiliser les quelque 50% de Français qui avaient boudé les urnes au premier tour.
Appel visiblement entendu, puisque sur l'ensemble de la journée, la participation (58 à 59%) a connu un rebond énorme, d'environ 9 points au niveau national, selon les instituts.
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