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Bangui (AFP). Centrafrique: dans le quartier musulman de Bangui, vote sous haute tension et tirs roquettes

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Bangui (AFP). Centrafrique: dans le quartier musulman de Bangui, vote sous haute tension et tirs roquettes
Des hommes se mettent à l'abri pendant que des tirs à l'arme lourde retentissent à Bangui, le 13 décembre 2015 - AFP
Ils étaient des centaines, massés devant la cour d'une école en espérant glisser un bulletin dans l'urne pour le référendum constitutionnel, quand les armes ont crépité. Dimanche, des "ennemis de la paix" ont tout fait pour intimider les habitants du quartier musulman de Bangui, et les empêcher de voter. Les Centrafricains devaient se prononcer sur un nouveau projet de Constitution, avant les élections législatives et présidentielles du 27 décembre censées sortir le pays du chaos et de trois années de violences intercommunautaires. Dès les premières détonations, c'est la panique: hommes, femmes, enfants se ruent à l'intérieur des salles de classe aux murs décrépis de l'école Baya Dombia, choisie comme centre de vote, se plaquant au sol pour éviter les balles. Des tirs nourris de roquettes, mitrailleuses lourdes et kalachnikovs se succèdent dans la plus grande confusion. Soudain, à 20 mètres de la cour bondée de monde, une roquette lancée depuis une rue voisine décapite un palmier, sans faire d'autres dégâts. Mais provoquant aussitôt une riposte énergique de la part des Casques bleus sénégalais de la force onusienne Minusca juchés sur des pick-up. Scène surréaliste, alors que les balles sifflent, de jeunes musulmans se lèvent, levant les poings au ciel et crient "On va voter!" d'un air de défi, avant de se remettre aussitôt à l'abri. En début de matinée, alors que rien n'était prêt pour démarrer le scrutin, ni urnes ni bulletins, des dizaines d'entre eux brandissant des panneaux "OUI" ont marché vers le siège de la Minusca pour demander l'ouverture des bureaux de vote au PK5 - déjà effective dans le reste de la capitale. "Nous avons trop souffert. Ceux qui tirent ce sont les criminels qui veulent le désordre, mais nous tous on en peut plus, on est des Centrafricains comme les autres et on veut la paix!", affirme Mahamat Youssouf, un commerçant. Pas de doute, les tirs n'ont d'autre but que de décourager la foule venue voter. "Ils veulent nous intimider mais on ne se laissera pas faire!", s'écrie Abakar, un jeune électeur. "Si je dois mourir pour voter c'est pas grave, j'irai jusqu'au bout", assure-t-il avec un sourire déterminé. - Malgré la peur, ils ont voté - Auparavant, des combats avaient éclaté à quelques centaines de mètres de là, aux abords d'une autre école devant accueillir le scrutin, entre des groupes d'auto-défense musulmans favorables au processus électoral et les "anti"-référendum: des hommes armés de l'ex-rébellion Séléka, également musulmane, qui avait pris le pouvoir par la force en 2013 avant d'en être chassée début 2014. Au final, au moins deux civils musulmans ont été tués, et une douzaine d'autres blessés dans les violences du seul PK5, selon des sources concordantes. Dans les rues du PK5, tous accusent les "ennemis de la paix, les gars d'Haroun Gaye". Cet ancien chef Séléka appartient à la frange la plus radicale de l'ex-rébellion, qui contrôle encore une partie de l'est et du nord du pays - où le scrutin a également été perturbé dimanche - et ayant déjà prévenu à plusieurs reprises qu'elle ne laisserait pas les élections se tenir. Ses hommes régnaient en seigneurs dans l'enclave musulmane jusqu'à récemment, mais les habitants, majoritairement commerçants, se disent ulcérés par la chute de leur activité et les violences à répétition. Selon des sources sécuritaires à Bangui, "ces groupes ont intérêt à faire capoter le processus électoral" pour continuer leurs trafics divers (diamants, or) et éviter d'avoir affaire un jour à la justice, après avoir commis d'inombrables exactions contre les civils depuis trois ans. Pour ce dimanche au moins, la tentative aura échoué: quelques minutes après les tirs de roquettes, alors que les armes continuent à crépiter, les musulmans du PK5, imperturbables, se remettent en file indienne. Ils voteront, malgré les menaces et malgré la peur. Un vieillard sourit. "On a l'habitude".

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