Tous les ans, comme Vu Thi Linh et sa famille, ils sont des dizaines de milliers de Vietnamiens à rejoindre Hanoï ou Ho Chi Minh-Ville, l'ex-Saïgon, délaissant les campagnes pour les faubourgs de villes qui peinent à absorber ces nouvelles populations.
Dans ce pays communiste qui possède l'un des taux d'urbanisation les plus rapides d'Asie, selon la Banque mondiale, les migrations sont principalement économiques, mais aussi la conséquence des bouleversements sociaux du pays.
En juin dernier, Vu Thi Linh a quitté sa campagne pour rejoindre Hanoï, où sa fille vient d'entrer à l'université. "Je ne pense pas que la vie en ville soit passionnante. Mais pour l'avenir de mes enfants, j'ai dû changer d'avis", explique-t-elle.
"Les enfants sont plus instruits et ne veulent pas maintenant revenir vivre à la campagne", ajoute-t-elle.
Depuis la fin de la guerre en 1975, le Vietnam s'est rapidement développé malgré le maintien d'un régime communiste autoritaire, passant du statut de pays pauvre à celui de nation à revenu intermédiaire, membre de l'Organisation mondiale du commerce.
D'après les chiffres officiels, chaque année, environ 100.000 personnes déménagent dans la capitale Hanoï et plus de 130.000 rejoignent Ho Chi Minh-Ville, la capitale économique du Sud.
Routes, alimentations en eau: les infrastructures ont du mal à suivre le rythme des arrivées, qui créent une "pression sur la culture, l'éducation, le trafic, le système de santé", explique Pham Van Thanh, une responsable de la municipalité de Hanoï.
A Ho Chi Minh-Ville, quelque 85.000 nouveaux élèves entrent dans le système scolaire chaque année. Et dans certaines zones, jusqu'à la moitié d'entre eux sont de nouveaux citadins.
Les autorités ne font "aucun effort pour minimiser le nombre de migrants", ajoute Mme Thanh.
"A ce rythme-là, en 2020, nous ne serons plus en mesure de trouver des terrains pour bâtir des écoles", affirme Le Hoang Quan, le maire de Ho Chi Minh-Ville.
Autre effet pervers de cette urbanisation accélérée, des centaines de villages se vident des adultes en âge de travailler, seuls restent les enfants et les personnes âgées.
- 'Vie meilleure pour nos enfants' -
La vie en ville n'est pourtant pas facile pour les migrants.
Vu Thi Linh a échangé 500 m2 de jardin, des arbres fruitiers et un potager dans le nord de la province de Thai Binh (nord-est) pour une chambre de 20 m2 qu'elle partage avec ses deux filles.
Mais les 300.000 dongs (12 euros) qu'elle gagne chaque jour en faisant des ménages et de la collecte de métaux usés représentent bien plus que ce qu'elle pouvait gagner à la campagne.
Sur le long terme, les migrants voient le bénéfice de l'exode rural. "La vie à la campagne est trop dure. Nous ne pouvons pas gagner beaucoup d'argent et nous devons travailler très dur dans les champs", affirme ainsi Le Van Mung, à Hanoï depuis 10 ans.
Originaire de la province septentrionale de Ha Nam, Le Van Mung travaille maintenant comme électricien et sa femme dirige un petit restaurant. Ensemble, ils gagnent 600 dollars par mois - juste assez pour louer et payer la scolarisation pour leurs deux enfants.
"La vie n'est pas toujours facile ici à Hanoï. Mais nous essayons de gagner de l'argent pour nos enfants pour qu'ils aient une meilleure vie que la nôtre", ajoute-t-il.
D'après les chiffres de la Banque mondiale, quelque 7,5 millions de Vietnamiens ont quitté les campagnes pour rejoindre les villes entre 2000 et 2010.
L'objectif des autorités est de construire d'ici 2035 une "nation moderne et industrialisée", mais 70% des 90 millions de Vietnamiens vivent encore de l'agriculture.
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