Les Centrafricains ont commencé avec retard à voter dimanche matin sur un projet de référendum constitutionnel dans plusieurs arrondissements de la capitale, Bangui, mais le vote dans l'enclave musulmane du quartier PK5 n'a pu commencer en raison de tirs dans la nuit.
Ces tirs ont éclaté dans la nuit de samedi à dimanche dans le PK5, selon une source de la Mission des Nations unies (Minusca).
L'école Koudoukou dans laquelle devait se dérouler le vote est fermée, a constaté une journaliste de l'AFP. Une autre école ouverte dans le quartier ne disposait pas de matériel électoral.
Le PK5 est le quartier le plus sensible de Bangui car il abrite les derniers musulmans de la capitale, harcelés par les milices chrétiennes et animistes anti-balaka qui veulent en découdre avec des éléments de l'ex-rébellion Séléka s'y trouvant.
Les Centrafricains se prononcent par référendum sur un projet de nouvelle Constitution, un scrutin considéré comme un test avant la présidentielle et les législatives prévues le 27 décembre dans un pays dévasté par trois années de violences intercommunautaires.
Ces échéances, repoussées plusieurs fois, sont censées clore une transition politique à bout de souffle et permettre un retour à l'ordre constitutionnel, sous forte pression de la communauté internationale qui maintient la Centrafrique sous perfusion financière.
La Centrafrique, un des pays les plus pauvres au monde, est plongée dans le chaos depuis le renversement du président François Bozizé en mars 2013 par l'ex-rébellion Séléka, elle-même finalement chassée du pouvoir par une intervention internationale début 2014.
Près de deux millions d'électeurs sont appelés aux urnes pour approuver une nouvelle Constitution censée instaurer une 6e République depuis l'indépendance en 1960 de l'ex-colonie française.
Mais les difficultés logistiques dans les préparatifs du scrutin et le contexte sécuritaire toujours tendu ont entraîné des retards pour l'ouverture des bureaux de vote.
Un couvre-feu a été instauré de 20H00 à 05H00 après la nouvelle vague de violences qui a éclaté à Bangui, fin septembre, entre milices anti-balaka et ex-rébellion majoritairement musulmane de la Séléka d'autre part, faisant plus de 130 morts.
Si le texte est adopté, la Centrafrique connaîtra son 13e régime politique depuis l'indépendance, illustration de son instabilité chronique. La Centrafrique a déjà connu cinq Républiques, un Empire (celui de Jean-Bedel Bokassa) et six transitions, après le renversement de pouvoirs établis parfois eux-mêmes transitoires.
Les principales innovations du texte concernent notamment le nombre maximum de mandats présidentiels (deux), la lutte contre la corruption qui gangrène l'administration depuis des décennies, l'éviction des groupes armés du processus politique et la création d'une Haute cour de justice.
"Le simple fait que ce scrutin puisse se tenir est très positif, pour une fois le calendrier a été respecté", estime Mathieu Bile, chef de la division électorale de la Minusca. Il souligne "l'engouement populaire" suscité par le vote, avec près de deux millions d'électeurs inscrits sur une population de 4,8 millions d'habitants.
- Derniers préparatifs à l'aube -
Organiser un tel scrutin en Centrafrique était un véritable défi: l'autorité de l'Etat a disparu de régions entières, et de nombreux bureaux de vote - 5.600 en tout - se trouvent dans des régions isolées, uniquement accessibles par des pistes défoncées.
Dimanche à l'aube, l'Autorité nationale des élections (ANE) devait boucler les derniers préparatifs et finir d'acheminer le matériel électoral vers les bureaux de vote de la capitale.
Des milliers d'électeurs n'ont pas encore récupéré leur carte électorale, mais ils sont finalement autorisés à voter sur simple présentation de leur récépissé d'enregistrement sur les listes électorales, a annoncé l'ANE.
Sur les principales artères de Bangui, des affiches appelant à voter "Oui" au référendum soutiennent que "la paix, c'est dans les urnes".
Hormis le parti de François Bozizé, dont la candidature à la présidentielle a été invalidée cette semaine, et certains responsables anti-balaka et Séléka, la plupart des partis politiques centrafricains ont appelé à se prononcer en faveur du texte.
Selon plusieurs observateurs de la crise centrafricaine, ce scrutin est surtout une "répétition générale" pour les élections fixées au 27 décembre, sur lesquelles pèsent des craintes plus sérieuses de troubles sécuritaires.
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