Des élections ouvertes pour la première fois aux femmes, candidates et électrices, se sont tenues samedi en Arabie saoudite, un scrutin perçu comme un timide progrès dans ce royaume ultra-conservateur régi par une version rigoriste de l'islam.
Les bureaux de vote ont fermé à 17h00 (14h00 GMT). Un responsable électoral, Mohamed al-Kharji, a dit dans la journée que la participation était "meilleure" qu'en 2011, en raison de l'impulsion donnée par les jeunes et les réseaux sociaux.
Aucune précision n'a été donnée par les autorités quant à la date de l'annonce des résultats.
En très grande majorité voilées et vêtues d'abbayas noires couvrant leur corps de la tête aux pieds, des Saoudiennes ont participé à ces élections municipales, même si les chances de voir des candidates élues sont minces.
"Maintenant, les femmes ont une voix", a déclaré à l'AFP Awatef Marzouq, la trentaine, en disant avoir "pleuré" après avoir voté à Ryad.
"Ce sont des choses qu'on voyait à la télévision dans d'autres pays, sans pouvoir le faire nous-mêmes", a-t-elle expliqué.
L'Arabie saoudite était le dernier pays à dénier à ses citoyennes le droit de vote. Ce royaume est l'un des plus restrictifs au monde pour les femmes qui n'ont pas le droit de conduire et doivent obtenir l'accord d'un homme pour travailler ou voyager. C'est ainsi conduites en voiture par un homme que les femmes se sont rendues samedi dans les bureaux de vote.
Electeurs et électrices devaient choisir entre 6.000 candidats hommes et 900 femmes.
- 'Étape très positive' -
Tous briguaient un siège dans les 284 conseils municipaux, des assemblées aux pouvoirs limités qui sont les seules dans le royaume à être composées de représentants élus.
Malgré la présence de candidates, Awatef Marzouq a "voté pour un homme" car il proposait de créer davantage de crèches.
"Cette étape sera () très positive", a déclaré à un journaliste homme de l'AFP Amal Badreldin al-Saouari, candidate à Ryad, alors qu'il était quasiment impossible aux journalistes de sexe masculin d'interroger ou même de s'approcher d'électrices.
La mixité dans les lieux publics étant interdite, les Saoudiennes en campagne n'ont pu rencontrer que leurs électrices qui étaient 119.000 à s'être inscrites pour la première fois sur près de 1,5 million d'électeurs, selon des chiffres officiels.
"C'est vraiment stupide", a dit la militante féministe Sahar Nasief depuis Jeddah (ouest) en réagissant à l'impossibilité pour les candidates de faire campagne auprès des hommes.
Des femmes ont affirmé que l'enregistrement des électrices avait été compliqué par des obstacles bureaucratiques, par un manque d'informations.
- Déjà gagné -
Dans un contexte où moins d'un électeur sur dix est une femme, peu de Saoudiennes s'attendent à être élues, mais certaines pourraient entrer dans les conseils municipaux en étant nommées par le pouvoir, un tiers des sièges étant pourvus par désignation.
"Nous avons déjà gagné en nous présentant", a toutefois souligné Mme Saouari.
Pour Aljazi al-Hossaini, consultante de 57 ans qui a mené campagne principalement sur internet, "même une seule victoire (d'une candidate) serait un progrès".
Pour d'autres Saoudiennes, l'expérience électorale a tourné court.
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