Dans un climat extrêmement tendu, la cour d'assises de l'Isère a condamné samedi dix des douze accusés des meurtres de Kevin et Sofiane en 2012 à Échirolles à des peines allant de 8 à 20 ans de réclusion criminelle et a acquitté les deux derniers.
La peine la plus lourde, 20 ans, a été prononcée à l'encontre d'Ilyes Tafer, 21 ans, accusé d'avoir porté des coups de couteau alors qu'il n'avait reconnu que des coups de poing. Condamné en 2012 pour avoir poignardé un vigile de supermarché, il était sorti de prison 13 jours avant cet affrontement mortel.
A l'annonce de l'acquittement d'Ibrahim Camara, 24 ans, la tension, déjà très palpable, est montée d'un cran, entraînant l'intervention des gendarmes. Certains accusés ont essayé de sauter par dessus le box, des insultes ont fusé à l'égard du président, Jean-Pierre Pradier, et des menacés proférées à l'encontre de l'acquitté.
"Tu étais là, assassin !", l'a invectivé une proche d'un condamné, provoquant l'évacuation d'une partie de la salle et une suspension d'audience.
- Ambiance délétère -
Des échauffourées ont alors eu lieu et l'intervention de plusieurs militaires a été nécessaire pour maîtriser certains accusés. L'audience a repris dans la même ambiance.
Lorsque le président a repris l'énoncé du verdict, des insultes de la part des accusés et de leur proches ont de nouveau fusé. Les protestations se sont poursuivies dans la salle des pas perdus et devant le tribunal.
Ronald Gallo, avocat de Bérat Karaborklu, 22 ans, - l'autre acquitté - a estimé que son client "sort digne et fier" du procès, alors que 10 ans de prison avaient été requis à son encontre.
"Lui ne s'est pas abaissé à dénoncer qui que ce soit, comme certains n'ont pas manqué de le faire. Il s'est contenté de dire ce qu'il avait fait, c'est à dire rien. Il a été acquitté de manière juste", a-t-il dit.
"La cour d'assises de l'Isère a très mal fait. Elle a été influencée, guidée, soumise à la pression de l'opinion publique, peut-être des pouvoirs politiques. Elle a jugé n'importe comment. Une fois de plus, la justice nous montre que l'émotion prime le droit", a pour sa part tonné Bernard Ripert, l'avocat de des frères Camara. Ibrahim Camara a été acquitté mais son frère Youssef a écopé de 14 années de réclusion.
"Ce verdict est inacceptable ! Je fais appel dès cet instant", a-t-il ajouté.
- Le vrai visage des accusés ? -
"Quand je vois les peines qu'on pris certains Je ne sais pas ce qu'il faut pour qu'un de ces accusés soit condamné à la perpétuité. Aujourd'hui, le message, c'est que vous pouvez tuer, froidement, avec préméditation", a déploré Steven Noubissi, le frère de Kevin.
Il estime avoir vu "lors des violences de ce matin une partie du vrai visage des accusés".
Le ministère public avait requis des peines de 10 à 20 ans de réclusion criminelle à l'encontre des accusés, âgés de 19 à 24 ans.
Ils étaient jugés à huis clos depuis le 2 novembre pour le double meurtre de Kevin, étudiant en master de 21 ans, et Sofiane, éducateur de 22 ans, dans un parc d'Échirolles, le 28 septembre 2012.
Kevin avait été frappé de huit coups de couteau, dont un mortel au poumon. Sofiane avait été poignardé à 31 reprises, dont neuf fois dans le dos, et frappé au crâne avec un marteau.
Le drame avait suscité une grande émotion, amenant François Hollande et Manuel Valls à se rendre sur place.
L'enquête a permis d'identifier la plupart des agresseurs mais n'est pas parvenue à déterminer avec certitude qui avait porté les coups mortels. Les armes du crime n'ont jamais été retrouvées et la plupart des accusés (sauf deux) ont refusé d'enfreindre la règle du quartier selon laquelle "on ne balance pas".
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