Menacé de radiation à vie par la justice interne de la Fifa, Michel Platini a reçu un double coup de massue vendredi: la confirmation de sa suspension provisoire par le Tribunal arbitral du sport (TAS) et l'annonce d'une sanction presque inéluctable selon un porte-parole de la Fifa.
Plus que jamais à l'écart de l'élection présidentielle à la Fifa, prévue le 26 février à Zurich, dont il était longtemps le grand favori à la succession du Suisse Joseph Blatter, démissionnaire et lui aussi suspendu provisoirement, le président de l'UEFA n'a en tout cas pas apprécié la lecture du quotidien L'Equipe vendredi soir.
Interrogé par le quotidien sportif, sur son site internet, Andreas Bantel, porte parole de la commission d'éthique de la Fifa, ne semble en effet pas douter de la future condamnation de l'ex-meneur de jeu des Bleus: "Platini sera certainement suspendu pour plusieurs années, quant à Blatter (NDLR: 79 ans), il n'y a pas de différence pour lui entre plusieurs années et un bannissement à vie".
Interrogé vendredi matin par le quotidien sportif français, quelques minutes après la confirmation par le Tribunal arbitral du sport de Lausanne (Suisse) de la suspension provisoire pour 90 jours de Michel Platini par la Fifa, M. Bantel était tout sourire, selon le journal. Et il ne retenait pas ses coups.
"Dans ce dossier la question de la corruption est bien fondée. Et en supposant que l'argument de la corruption ne soit pas accepté par la chambre de jugement, il y a plusieurs autres délits contre la loi pénale, comme le conflit d'intérêt, la gestion déloyale ou la falsification des comptes", a assuré M. Bantel.
- 'Simulacre de procédure' -
Des déclarations auxquelles M. Platini a réagi "avec colère et consternation", vendredi soir, dans un communiqué transmis à l'AFP par ses avocats, y voyant "une violation patente de (sa) présomption d'innocence".
Cela "démontre l'objectif politique poursuivi par la commission d'éthique de la Fifa (NDLR: l'éliminer de la course à la présidence de la Fifa), pour qui le débat contradictoire et l'audience qu'elle a elle même fixée le 18 décembre ne seront donc manifestement d'aucune utilité", poursuit le communiqué de M. Platini et de ses conseils.
Car le président de l'UEFA, suspendu 90 jours à titre provisoire par la Fifa, pour un paiement controversé de 1,8 million d'euros reçu en 2011 de M. Blatter, officiellement pour des travaux de conseiller de 1999 à 2002, doit en effet être entendu par la commission d'éthique vendredi 18 décembre. Au lendemain de l'audition de M. Blatter par cette même commission.
"Monsieur Platini, dont la sanction semble avoir déjà été fixée par la commission d'éthique de la Fifa, avant même que ses explications n'aient été entendues, dénonce fermement ces pratiques qui mettent au grand jour le simulacre de procédure dont il est l'objet depuis des semaines", conclut le communiqué transmis à l'AFP.
- Décision attendue à partir du 21 décembre -
Dans son réquisitoire, dévoilé fin novembre par les avocats de M. Platini, la chambre d'instruction de la Fifa avait requis la suspension à vie du président de l'UEFA. La décision sur le fond doit désormais être prise par la chambre de jugement de la commission d'éthique, et celle-ci devrait se prononcer avant la fin de l'année, à partir du 21 décembre, selon des sources proches de l'instance suprême du football mondial.
Toujours suspendu donc, le Français ne pourra pas participer samedi au tirage au sort de l'Euro-2016 à Paris, ce qui aurait constitué une grosse bouffée d'oxygène pour l'ancien Triple Ballon d'Or, privé de son costume de président de l'UEFA depuis le 8 octobre.
Après le maintien de sa suspension provisoire par le TAS vendredi matin, le camp Platini voulait pourtant rester positif. L'ancien joueur vedette de la Juventus "reste confiant sur le fond de l'affaire et sur la solidité de son dossier", avait ainsi assuré à l'AFP son avocat Thibaud d'Alès.
La défense du Français pensait alors toujours pouvoir changer la donne en produisant une nouvelle pièce du dossier, une note interne de l'UEFA datant de 1998 et qu'a pu consulter l'AFP où Platini est bien qualifié de futur "employé de la Fifa".
Mais avec les déclarations très affirmatives de M. Bantel vendredi soir, cet optimisme au moins de façade a peut-être diminué.
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