L'accord universel contre le réchauffement de la planète attendra samedi: la présentation d'une version finale a été reportée à l'issue d'une nouvelle nuit d'âpres négociations, au cours de laquelle plusieurs pays ont campé sur leurs positions.
La présidence française de la conférence sur le climat (COP21) avait jusqu'à jeudi scrupuleusement tenu son calendrier mais, vendredi à l'aube, elle a dû se résoudre à retarder la clôture des travaux, initialement prévue vendredi soir.
"Nous préférons nous donner le temps de consulter les délégations tout au long de la journée", a-t-elle déclaré. Le texte d'accord "sera présenté samedi matin tôt pour une adoption à la mi-journée".
Le président de la COP21, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, s'est toutefois voulu rassurant: "Les choses vont dans le bon sens", a-t-il assuré.
Toute la nuit, les représentants de 195 pays réunis au Bourget (nord de Paris) ont discuté d'une nouvelle ébauche d'accord, présenté vers 21H00 (20H00 GMT) par Laurent Fabius. Et, pour la première fois en deux semaines de conférence, le ton s'est durci.
"Chaque pays est en train de remonter ses lignes rouges", a relevé sur Twitter le député écologiste belge Jean-Marc Nollet, présent dans la salle, qui a ponctué de "gloups" ou de "boum" ses commentaires sur les discours du Venezuela ou de l'Arabie Saoudite, pays pétroliers accusés de freiner un accord ambitieux.
Selon un négociateur latino-américain, les Etats-Unis ont été "très durs envers les pays en développement", qui réclament davantage d'efforts des pays riches pour les aider à faire face au réchauffement de la planète.
Quant à la Chine, "elle a exprimé tout ce qui n'allait pas pour elle dans le texte. En gros, il faudrait tout récrire", a précisé ce délégué à l'AFP.
"La nuit a été rude", a confirmé Matthieu Orphelin, porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot. "Au lieu d'avancer vers des compromis, chaque pays s'est plutôt retranché derrière ses positions."
- 'La pilule a du mal à passer' -
Ces tensions surgissent après deux semaines plutôt feutrées, où tous s'accordaient publiquement sur la nécessité de conclure un accord "ambitieux", seul moyen d'empêcher l'aggravation des vagues de chaleur, sécheresses, inondations
Un nouveau projet d'accord a été présenté tard jeudi. Il laisse ouverts les trois sujets les "plus complexes", selon Laurent Fabius: la "différenciation" (répartition des efforts entre les pays développés et en développement), les "financements" et "l'ambition".
Sur ce dernier point, le projet d'accord fixe un objectif de réchauffement de la planète "bien en-deçà" de 2°C par rapport au niveau pré-industriel. "La poursuite des efforts pour limiter la hausse à 1,5°C" est aussi mentionnée. Cette limite de 1,5°C est une revendication d'une centaine de pays, notamment des pays insulaires, menacés par la hausse du niveau des océans.
Mais les grands producteurs d'énergie fossiles, comme l'Arabie Saoudite et la Russie, s'y sont vigoureusement opposés lors des débats nocturnes, selon le député Jean-Marc Nollet.
Les négociations climat ont adopté en 2009 un objectif d'un réchauffement maximal contenu à +2°C par rapport à l'époque pré-industrielle, mais les engagements pris placent à ce stade la planète sur une hausse du thermomètre mondial estimée à +3°C.
Pour faire mieux, le principe d'une révision obligatoire de ces objectifs nationaux tous les cinq ans est acté. Mais le projet d'accord fixe à 2025 la première révision. Beaucoup trop tard, critiquent les ONG.
Côté finances, le pré-accord précise que l'enveloppe de 100 milliards de dollars par an que les pays riches ont promis de verser aux pays du Sud d'ici à 2020 est un "plancher" et que les pays développés présenteront "périodiquement" des "objectifs quantifiés".
"La pilule a du mal a passer sur la partie finances jugée par plusieurs pays, dont l'Union européenne, les Etats-Unis ou l'Australie, comme étant trop en faveur des pays en développement", a toutefois rappelé vendredi Pascal Canfin, ancien ministre français et expert du cenre de recherches américain WRI.
Malgré ces frictions, la ministre australienne des Affaires étrangères, Julie Bishop, a assuré que les "gens ne voulaient pas que Paris soit un autre Copenhague", en référence à l'échec de la conférence de 2009 dans la capitale danoise.
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