Les deux Corées se sont retrouvées vendredi pour des entretiens à haut niveau qui devraient voir chaque partie tenter d'arracher à l'autre des concessions sur des dossiers transfrontaliers représentant un enjeu pour chacun des chefs d'Etat.
Ce dialogue se tient au niveau des ministres adjoints dans la zone industrielle intercoréenne de Kaesong, située en Corée du Nord tout près de la frontière.
Le principe en avait été décidé fin août dans le cadre d'un accord de compromis conclu pour désamorcer des tensions qui menaçaient de dégénérer en conflit.
Le dernier rendez-vous de ce type, consacré à toute une série de sujets intercoréens, avait eu lieu il y a près de deux ans.
"Cette fois-ci, le résultat pourrait avoir un impact important sur la voie empruntée l'année prochaine par les relations intercoréennes", a commenté Cheong Seong-Chang, analyste à l'Institut Sejong de Séoul.
Toute prise de contact entre les deux Etats rivaux est considérée comme un signe positif mais au vu des précédents, les analystes se gardent d'un excès d'optimisme quant à l'issue de ces pourparlers.
Généralement, les efforts pour organiser un dialogue régulier avortent après le rendez-vous initial entre ces deux pays qui sont toujours techniquement en guerre. La guerre de Corée (1950-53) s'est en effet terminée par un armistice et non par un traité de paix.
En juin 2013, les deux voisins s'étaient mis d'accord sur l'organisation de discussions au plus haut niveau. Mais Pyongyang s'était ravisée à la dernière minute pour des questions de protocole.
La délégation sud-coréenne est conduite par Hwang Boo-Gi, chef adjoint du ministère de l'Unification, qui s'occupe des affaires intercoréennes. Côté nord-coréen, c'est Jon Jong-Su, directeur adjoint de la Commission pour la réunification pacifique de la Corée qui est aux manettes.
"Nous avons plein de choses à discuter. Nous ferons de notre mieux pour les résoudre une à une", a déclaré M. Hwang avant son départ de Séoul.
- Pas les mêmes priorités -
Le problème le plus délicat est celui du programme d'armements nucléaires de Pyongyang.
Séoul peut très bien évoquer ce sujet mais les spécialistes pensent que les deux parties vont s'en tenir à des objectifs plus accessibles.
"La dénucléarisation du Nord doit être perçue comme le but ultime du dialogue intercoréen, pas comme un préalable", dit Kim Keun-Shik, professeur à l'Université des études nord-coréennes de Séoul.
Le dirigeant nord-coréen Kim JOng-Un vient d'affirmer que son pays était doté de la bombe à hydrogène, des propos qui ont été accueillis avec le plus grand scepticisme par Washington comme par Séoul.
Le menu des discussions de Kaesong n'a pas été préétabli mais chaque partie a des objectifs clairs même si elles ne sont pas forcément sur la même longueur d'ondes.
Pyongyang souhaite que la reprise des voyages organisés sud-coréens dans sa station de montagne de Mont Kumgang.
Ces voyages, source de devises cruciales, ont été suspendus en 2008 quand une touriste sud-coréenne avait été abattue par un soldat du Nord alors qu'elle venait de pénétrer lors d'une promenade dans une zone militaire interdite.
Le retour des touristes servirait utilement la propagande de Kim Jong-Un tout en lui permettant de renflouer les caisses.
"Kim Jong-Un a besoin de couvrir de cadeaux ses cadres du parti et les responsables politiques, et faire étalage de richesse aux yeux de la population", a commenté Nam Sung-Wook, professeur d'études nord-coréennes à l'Université de Corée. "Il a aussi besoin de liquide pour achever une série de programmes récents de construction".
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