Les négociations sur le climat du Bourget tardaient à accoucher jeudi d'un nouveau texte, sur fond de crispations entre pays du Nord et du Sud, à la veille de la clôture officielle de la conférence où un pacte mondial contre le réchauffement est attendu.
Après des discussions nocturnes ayant emmené les représentants des 195 pays présents au Bourget jusqu'à l'aube, les ministres et délégués attendaient toujours en début de soirée le nouveau projet d'accord promis par le président de la COP et chef de la diplomatie française, Laurent Fabius.
La présentation de ce texte, censé formuler de nouveaux compromis, a été repoussée en soirée alors qu'elle était attendue initialement dans l'après-midi. Cette nouvelle mouture doit être l'"avant-dernier texte" de travail avant celui du pacte final, a souhaité mercredi Laurent Fabius, qui vise une adoption vendredi soir.
Le temps presse pour réussir à surmonter les divergences et sceller ce pacte qui a pour ambition d'empêcher des désastres climatiques de plus en plus fréquents. Six ans après l'échec de Copenhague, cet accord doit permettre d'augmenter les chances de contenir la hausse du thermomètre mondial à 2°C par rapport à l'ère pré-industrielle.
"Il y a encore des difficultés", a prévenu jeudi matin le président François Hollande, en évoquant notamment la question de la "répartition" des financements.
La séance plénière publique de mercredi soir a permis de mesurer l'ampleur des désaccords persistants, notamment sur trois des sujets clé: la différenciation entre les pays développés et les autres dans les efforts à fournir contre le réchauffement, l'ambition globale de l'accord, notamment quelle température retenir comme le seuil à ne pas dépasser, et bien sûr la question des financements dont doivent bénéficier les pays les plus vulnérables pour faire face aux impacts du réchauffement.
Sur ces trois sujets sensibles, "aucun compromis" n'a pu être trouvé au cours d'une longue nuit de négociations, a indiqué un négociateur européen sous couvert d'anonymat.
- Prolongation ou pas? -
"Le président (Laurent Fabius) a décidé de ne pas trancher sur ces sujets, il veut laisser les pays trouver la solution. Je pense que le texte d'aujourd'hui fera des propositions", a estimé pour sa part Alf Wills, négociateur en chef sud-africain.
Dans la délégation philippine, on oscillait entre "optimisme" et "frustration" alors qu'un membre de la délégation chinoise, Li Junfeng, tablait sur une prolongation des négociations jusqu'à "samedi".
L'Algérien Ahmed Djoghlaf, qui a co-présidé les débats lors de la première semaine de la conférence, refusait d'envisager un retard: "On ne pourra pas moralement, historiquement, économiquement, écologiquement, rater la dernière marche demain", a-t-il assuré à l'AFP.
Les pays en développement ont réaffirmé avec force mercredi leur volonté de ne pas être mis sur le même pied que ceux du Nord, à la fois responsables historiques du réchauffement et disposant de plus de moyens pour y faire face.
"Un accord durable ne peut pas être élaboré en diluant les responsabilités historiques et en mettant les pollueurs et les victimes sur le même plan", a lancé Prakash Javadekar, le ministre de l'Environnement de l'Inde, un pays clé des négociations.
Plusieurs pays en première ligne face aux impacts du réchauffement ont eux insisté pour que l'accord mentionne l'objectif d'un réchauffement maximal de 1,5°C, même si ce chiffre nécessiterait des actions drastiques pour être respecté. Les pays se sont entendus en 2009 sur l'objectif de +2°C mais les engagements pris placent la planète sur un réchauffement de +3°C.
Concernant les financements, les pays en développement tiennent à ce que les 100 milliards de dollars annuels promis par les pays développés à partir de 2020 soient une somme "plancher", régulièrement revue à la hausse.
Dans ce sprint final, les ONG ont remis la pression sur les négociateurs, en relevant que le projet d'accord contient encore "le pire comme le meilleur". "Nous devons arrêter de jouer au poker avec l'avenir de nos enfants lors de ces dernières heures de discussions!", a intimé Kumi Naidoo, directeur international de Greenpeace.
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