Marine Le Pen réunit jeudi soir à Paris les têtes de liste du Front national, un meeting destiné à donner une dernière impulsion avant des seconds tour serrés dimanche à l'issue desquels le parti espère conquérir ses premières régions.
En tête dans six régions sur treize avec parfois d'impressionnants écarts, le parti d'extrême droite était satisfait dimanche: "un résultat magnifique", pour Marine Le Pen en Nord-Pas de Calais-Picardie (NPDCP). "Historique", selon Marion Maréchal-Le Pen en Paca. "Premier parti de France", plastronnait Florian Philippot en Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne (ALCA).
Le FN a pourtant anticipé de longue date un entre-deux-tours difficile. Très vite, en effet, les candidats PS Christophe Castaner en Paca et Pierre de Saintignon en NPDCP se sont retirés au profit respectif des Républicains Christian Estrosi et Xavier Bertrand.
Dès dimanche soir, Marine Le Pen a concédé que la situation devenait "plus compliquée".
Un dirigeant FN le reconnaît: "Ce sont deux duels très difficiles, et je ne parle pas des sondages" dévoilés mercredi donnant les deux candidates de la famille Le Pen battues. "Ca reste jouable, mais face à la droite, c'est difficile", d'après lui.
Les départementales de mars l'ont prouvé: sur 538 duels de second tour droite-FN, selon les données du Monde 535 victoires de la droite. Mais le FN compte sur ses deux "locomotives" Le Pen pour renverser la vapeur.
"Ca peut se terminer à une centaine de voix", dans un sens ou dans l'autre, reconnaît-on au "Carré", le siège du FN à Nanterre.
- Le Grand Est, meilleure chance FN ? -
Lors de cet entre deux-tours, les candidats frontistes ont déroulé des argumentaires parfois contradictoires, s'adaptant aux situations locales.
En NPDCP, dénonciation d'une "trahison" des électeurs de gauche à cause du retrait de Saintignon, et un programme de Xavier Bertrand résumé à "mort aux pauvres" par Marine Le Pen.
En Paca, les candidats de droite ont été accusés, comme l'a fait Gilbert Collard mercredi à Marseille, de faire le "trottoir socialiste" en donnant des gages idéologiques à la gauche, cette fois repoussoir, pour l'emporter.
En Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, où la triangulaire entre Carole Delga (PS), Louis Aliot (FN) et Dominique Reynié (LR) a des faux airs de duel vu le faible score dimanche de ce dernier, le compagnon de Marine Le Pen s'est lui présenté comme représentant de la "vraie droite", loin du "ni droite ni gauche" habituel du FN.
Et dans chaque région, pas un mot sur la volonté frontiste exprimée en 2012 de baisser de 2% les dotations de l'Etat aux conseils régionaux en cas de victoire présidentielle.
Mais pour plusieurs dirigeants FN interrogés par l'AFP, c'est vers le Grand Est et Florian Philippot qu'il faut chercher la meilleure chance de succès frontiste.
Jean-Pierre Masseret (PS, 16,1% au premier tour) a en effet refusé de se retirer en faveur de Philippe Richert (LR, 25,8%), arrivé plus de dix points derrière le bras droit de Marine Le Pen.
Les régions les plus gagnables sont "peut-être celles qui ne sont pas sous les feux de la rampe", abonde un membre du bureau exécutif, plaçant aussi un billet sur la Bourgogne-Franche-Comté, où Sophie Montel, candidate FN, a devancé ses deux rivaux de 7 à 8 points. Dans les régions où le second tour est trop médiatisé, "les électeurs peuvent prendre peur".
Au final, résume-t-on, "il y a une forte inconnue, pour nous et pour les autres. C'est tout ou rien, ça peut être trois régions, ça peut être zéro."
Une hypothèse que n'a pas exclue Marine Le Pen dans Le Figaro mardi, menaçant déjà d'une "vengeance" des électeurs à la présidentielle si aucune région ne tombait dans l'escarcelle frontiste.
Wallerand de Saint Just (Ile-de-France) évacue savants calculs et autres indications des sondages. "C'est à la fin de la foire qu'on compte les bouses. On fait le boulot."
Il devrait le répéter jeudi soir, promis au rôle de chauffeur de la salle Wagram (XVIIe) en tant que tête de liste FN en Île-de-France bien que distancé au premier tour.
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