Répartition des efforts entre pays développés et en développement, financements, ambition de l'accord: au terme d'une longue nuit de pourparlers, la pression s'accentuait jeudi sur les négociateurs de la conférence sur le climat pour régler les principaux points de désaccords à moins de 36 heures de la clôture officielle.
"Il y a encore des difficultés", a prévenu jeudi matin le président François Hollande.
Un nouveau projet d'accord doit être proposé vers 15H00 (14H00 GMT) aux 195 pays chargés de négocier un pacte universel contre le réchauffement climatique, a indiqué Matthieu Orphelin, le porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot, une ONG.
Cette nouvelle mouture doit être l'"avant-dernier texte" de travail avant celui du pacte final, a souhaité mercredi soir le président de la COP, Laurent Fabius, qui vise une adoption finale vendredi en soirée.
"On avance bien. On y a passé toute la nuit encore () Et j'espère que demain on aura terminé", a confié le ministre français des Affaires étrangères jeudi matin, juste avant de rencontrer le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, au Bourget, près de Paris, où se tient la conférence.
"La nuit de sommeil a été courte. On est face à une grosse journée encore, mais on peut y arriver", a estimé pour sa part Matthieu Orphelin, traits tirés et voix cassée comme tous ceux qui ont suivi ces réunions nocturnes, à huis-clos, jusque vers 5h30 (04h30 GMT) du matin.
Les ministres et représentants des pays ont désormais moins de 36 heures pour réduire le clivage historique entre pays du Sud et du Nord, s'ils veulent sceller vendredi comme prévu un pacte mondial pour empêcher des désastres climatiques de plus en plus fréquents.
La plénière publique de mercredi soir a permis de mesurer l'ampleur des désaccords persistants, et notamment sur trois des sujets clé des derniers jours de négociations: la différenciation entre pays du Nord et ceux du Sud dans les efforts à fournir contre le réchauffement, l'ambition de l'accord et notamment la température à retenir comme seuil de réchauffement à ne pas dépasser, et bien sûr la cruciale question des financements dont doivent bénéficier les pays les plus vulnérables pour faire face aux impacts du changement climatique.
- 'Arrêter de jouer au poker' -
Des pays en développement ont réaffirmé avec force leur volonté de ne pas être mis sur le même pied que ceux du Nord, à la fois responsables historiques du réchauffement et disposant de plus de moyens pour y faire face.
"Un accord durable ne peut pas être élaboré en diluant les responsabilités historiques et en mettant les pollueurs et les victimes sur le même plan", a lancé Prakash Javadekar, le ministre de l'Environnement de l'Inde, un pays clé des négociations.
Le Malaisien Gurdial Singh Nijar, s'exprimant au nom d'une vingtaine de pays en développement, a estimé que le projet de texte actuel remettait en cause le principe de "la responsabilité commune mais différenciée" de la Convention climat de l'ONU de 1992, qui prévoit que l'action climatique incombe en priorité aux pays développés.
Plusieurs pays en première ligne face aux impacts du réchauffement, comme les Etats insulaires menacés par la hausse du niveau de la mer, veulent que l'objectif d'un réchauffement maximal de 1,5°C soit mentionné dans l'accord, même si ce chiffre nécessiterait des actions drastiques pour être tenu.
Les pays se sont entendus en 2009 sont l'objectif d'un réchauffement contenu à +2°C par rapport à l'ère pré-industrielle et les engagements actuellement affichés par les pays placent la planète sur un réchauffement de +3°C.
Le chiffre de 1,5°C figure dans deux des trois options du projet d'accord sur l'objectif de température.
Concernant l'aide financière aux pays du Sud, les questions sont nombreuses: comment la comptabiliser et qui doit contribuer notamment. Les pays en développement tiennent à ce que la somme de 100 milliards de dollars annuels promis par les pays du Nord à partir de 2020 soit un "plancher" revu régulièrement à la hausse.
Les ONG ont remis jeudi la pression sur les négociateurs, en relevant que le projet d'accord contient encore "le pire comme le meilleur". "Nous devons arrêter de jouer au poker avec l'avenir de nos enfants lors de ces dernières heures de discussions!", a intimé Kumi Naidoo, directeur international de Greenpeace.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.