C'est une "révolution copernicienne" selon la députée seinomarine et ancienne ministre des Sports Valérie Fourneyron. L'élue rouennaise vient de faire voter, le 28 novembre, un amendement au projet de loi sur la modernisation du système de santé autorisant la prescription médicale de l'activité physique et sportive si elle est encadrée.
Le sport soigne
Une révolution copernicienne que décrit Didier Polin, médecin du sport et président du Comité Régional Olympique et Sportif : "Depuis 40 ans, les médecins traitants ont été formatés à prescrire des contre-indications à l'activité sportive car le sport était immédiatement associé à la compétition. Là, le schéma est inversé."
Pour l'heure, seuls les patients atteints d'une Affection Longue Durée (cancers du sein, du côlon, diabète de type 1 et 2, maladies coronariennes) peuvent se voir ainsi prescrire une activité physique et sportive. "Cela concerne neuf millions de patients en France", avance Valérie Fourneyron. Les patients sont ensuite orientés vers un réseau sport-santé, piloté en Normandie par l'Agence Régionale de Santé et la Direction de la Jeunesse et des Sports, qui finance intégralement la reprise de l'activité physique et sportive du patient.
Gaëtan Prevost, diabétologue au Centre Hospitalier Universitaire de Rouen, salue l'avancée. Les mentalités vont pouvoir changer : "La prescription médicale renforce le côté soignant de l'activité sportive. Les patients n'ont pas forcément l'idée que l'activité physique puisse être un soin qui agit dans des domaines variés comme la glycémie ou le cholestérol. Pour un diabétique, une simple activité physique comme 30 minutes de marche trois fois par semaine permet de faire diminuer significativement le taux de glycémie."
À Rouen, le sport se serait déjà immiscé dans les établissements de santé : "Au centre Henri Becquerel (spécialisé dans la cancérologie), des interventions sont déjà organisées pour faire faire du sport aux patients", selon Valérie Fourneyron.
Mesure économique
Didier Polin, lui, voit au-delà des réseaux sport-santé. Celui qui a accompagné la création à Rouen d'un diplôme universitaire réunissant étudiants en Staps et en médecine, veut que le sport comme thérapeutique s'implante jusque dans les clubs : "Beaucoup accueillent déjà des personnes souffrant de maladies chroniques. Cette loi va permettre d'aller plus loin." Valérie Fourneyron confirme : "Dans la durée, on peut imaginer que les clubs prennent le relais. Cela suppose des éducateurs formés et des créneaux spécifiques." Bénéfique pour la santé (lire ci-dessus), la prescription médicale du sport est aussi économique. En réduisant la prise de médicaments, l'activité physique permettrait de diminuer les coûts pour l'assurance-maladie. Ne serait-ce que pour le diabète, Valérie Fourneyron évalue à "plusieurs milliards d'euros" les économies faites, notamment grâce à la diminution de la consommation d'insuline. Du sport-danger au sport-santé en passant par le sport-éco, la révolution a fait son chemin en 40 ans.
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