Le Bourget (France) (AFP). COP21: sprint final engagé à Paris avec un nouveau projet d'accord

Le sprint final pour arriver à un pacte entre 195 pays pour contrer le réchauffement inédit de la planète a été enclenché mercredi à deux jours de la fin de la conférence de Paris, avec un projet d'accord dont l'ambition reste à concrétiser. "Le texte s'efforce de refléter les compromis naissants", a déclaré Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères et président de la COP21, qui vise une adoption finale de l'accord vendredi à 17H00 GMT. "L'objectif est de nous permettre d'avoir une vision d'ensemble des progrès et de nous concentrer sur les questions politiques encore à régler", a-t-il poursuivi, précisant que le texte avait été ramené de 43 à 29 pages et que les "trois quarts des points entre crochets", c'est-à-dire non résolus, avaient été supprimés. Pour le président français François Hollande les négociations sont "sur le bon chemin" mais "il y a encore des résistances venant des Etats". "C'est le temps des décisions, ce n'est plus le temps des expertises () c'est l'instant décisif", a-t-il ajouté depuis le palais de l'Elysée. Les équipes de la présidence française de la conférence et les ministres facilitateurs ayant dirigé depuis dimanche soir les groupes de travail thématiques ont produit le document à l'issue d'une nuit de labeur. L'accord recherché doit permettre d'éviter les conséquences les plus dramatiques du dérèglement climatique qui se manifeste déjà par l'aggravation des inondations et des sécheresses ou encore la fonte des glaciers, mettant en péril, dans de nombreuses régions, la production agricole et les ressources marines. Après avoir analysé le document avec leurs équipes cet après-midi, les ministres doivent se retrouver en séance plénière dans la soirée, avant une probable nuit de négociations. Les ONG ont accueilli le texte par des réactions prudentes, estimant qu'il comprenait "des options très ambitieuses et d'autres qui le sont beaucoup moins". "Il est donc bien trop pour dire quel niveau d'ambition il y aura à la fin", a déclaré Matthieu Orphelin, porte-parole de la Fondation Hulot, une ONG. "S'il n'y a pas d'argent, pas de vision à long terme, pas de mécanismes qui vont obliger les Etats à revoir à la hausse leurs ambitions, autant dire que cet accord ne servira à rien", a lancé Jean-François Julliard de Greenpeace. Oxfam a jugé le moment "critique car il ne reste plus que 24 heures aux ministres pour abattre leurs cartes et faire preuve de plus d?ambition". - Un "texte martyr" - Selon Seyni Nafo, porte-parole du groupe Afrique, le chemin à parcourir est encore long. "C'est un texte intermédiaire, un texte martyr, qui va souffrir, sur lequel on va passer toute la nuit, et on verra demain quel autre texte on va pouvoir produire", a-t-il déclaré à l'AFP. Si les discussions s'intensifient au Bourget, les chefs d'Etat, présents à Paris au premier jour de la COP, tentent encore de peser sur l'issue de la réunion. Le président américain Barack Obama a appelé mardi Dilma Rousseff, la présidente brésilienne, puis mercredi Narendra Modi, le Premier ministre de l'Inde, un pays clé des négociations. Les discussions vont "dans la bonne direction", a commenté mercredi la Maison Blanche, évoquant toutefois "encore une ou deux nuits sans sommeil" pour les négociateurs. Un compromis fait encore défaut sur des sujets clés, a convenu Laurent Fabius, citant les financements, "le niveau d'ambition de l'accord" et la "différenciation" des efforts entre pays émergents, développés et en voie de développement. L'ambition du texte va notamment dépendre des objectifs collectifs de long terme (2050 ou au-delà) visant une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre. Elle sera aussi conditionnée à la date de révision des objectifs d'émissions de chaque Etat, insuffisants pour limiter sous 2°C la hausse du thermomètre mondial par rapport à l'ère pré-industrielle. Quant à l'aide financière aux pays du Sud, les questions sont nombreuses: comment la comptabiliser (prêts, dons), quels pays doivent contribuer, et comment la répartir entre l'adaptation au dérèglement climatique (digues, semences agricoles, système d'alerte météo) et la réduction des émissions. Sur ce point, John Kerry, le secrétaire d'Etat américain, a annoncé le doublement de l'aide américaine d'ici 2020 pour l'adaptation qui a atteint 430 millions de dollars en 2014.