Une offensive lancée par les talibans sur l'aéroport de Kandahar, la grande ville du sud afghan, a fait au moins huit morts, au moment où le président Ashraf Ghani tente à Islamabad de relancer les pourparlers de paix.
Les insurgés ont attaqué mardi soir le gigantesque complexe aéroportuaire qui abrite, outre une zone résidentielle civile, une base conjointe de l'Otan et des troupes afghanes.
Des habitants ont dit avoir entendu des soldats implorant les insurgés de laisser partir femmes et enfants pendant ces combats féroces.
Il s'agit de la deuxième attaque en 24 heures sur Kandahar, berceau des talibans.
"Huit personnes, des civils et des militaires, ont été tuées", a indiqué mercredi à l'AFP Samim Khpalwak, un porte-parole du gouverneur de la province de Kandahar.
Un commandant de l'armée à Kandahar, Dawood Shah Wafadar, a pour sa part évoqué un bilan de 18 morts.
Le gouvernement a assuré mercredi matin qu'un nombre indéterminé d'assaillants avaient été tués. Selon les habitants, qui ont reçu l'ordre de rester terrés chez eux, les échanges de tirs et explosions se poursuivaient.
Les talibans ont revendiqué l'attaque, lancée après plusieurs jours de conjectures sur le sort de leur chef, Akhtar Mansour, grièvement blessé selon plusieurs sources après une querelle interne qui aurait dégénéré.
L'offensive coïncide avec la visite à Islamabad du président afghan à l'occasion de la conférence régionale Heart of Asia.
La décision du président Ghani de se rendre au Pakistan laisse espérer des avancées vers une reprise du processus de paix entre le gouvernement afghan et les insurgés islamistes, en partie entravée par la méfiance entre Kaboul et Islamabad.
Le Pakistan, qui a une large influence sur les talibans et les a soutenus par le passé, a accueilli en juillet une première session historique de pourparlers. Mais ceux-ci ont rapidement tourné court lorsque les talibans avaient annoncé la mort de leur dirigeant historique, le mollah Omar, intervenue en 2013.
"C'est devenu une habitude. A chaque fois qu'on parle de revenir à la table des négociations, les talibans lancent des offensives d'envergure", souligne l'expert militaire Atiqullah Amarkhil, basé à Kaboul.
"Soit ils veulent faire capoter les efforts visant à relancer les négociations, soit ils essaient d'obtenir d'importantes concessions avant de s'assoir à la table des négociations", selon lui.
- 'On entendait les enfants hurler' -
Des passagers sont restés coincés dans le terminal civil de l'aéroport, après l'annulation de vols commerciaux à destination de l'Inde, ont indiqué les autorités aéroportuaires.
Les assaillants ont pris pour cible des immeubles où habitent des fonctionnaires ainsi que la base militaire partagée par l'Otan et l'armée afghane, selon M. Khpalwak.
"Les combats ont débuté vers 18 heures (mardi, NDLR) et se sont intensifiés pendant la nuit", a indiqué un étudiant de 30 ans, Izatullah, qui habite dans le complexe.
"Les soldats réclamaient aux talibans de laisser partir les femmes et les enfants, mais les assaillants ont refusé. On entendait les enfants hurler pendant les combats", a-t-il dit à l'AFP.
Les talibans poursuivent leur offensive contre des cibles gouvernementales et étrangères en dépit de l'arrivée de l'hiver, saison rude où les combats s?apaisent habituellement en Afghanistan.
Les insurgés ont enregistré des avancées ces derniers mois, conquérant brièvement fin septembre la capitale provinciale de Kunduz, leur plus importante victoire depuis qu'il ont été chassés du pouvoir en 2001.
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