L'armée russe a frappé mardi pour la première en Syrie à partir d'un sous-marin déployé en mer Méditerranée, une nouvelle démonstration de force de la Russie qui renforce son dispositif militaire dans la région après plus de deux mois de frappes intensives.
Parallèlement, les militaires russes ont récupéré la boîte noire du bombardier abattu le 24 novembre par des chasseurs F-16 turcs au-dessus de la frontière syrienne, un "coup de poignard dans le dos", selon Vladimir Poutine, qui a provoqué une grave crise diplomatique entre Ankara et Moscou. Le chef de l'Etat russe a ordonné que la boîte noire ne soit ouverte "qu'en présence d'experts étrangers".
Après plus de deux mois d'intenses raids aériens de l'aviation russe contre les positions "terroristes" en Syrie, l'armée russe a continué l'étalage de ses capacités militaires en déployant dans l'est de la mer Méditerranée son sous-marin d'attaque "Rostov-sur-le-Don".
Ce sous-marin de dernière génération, considéré comme silencieux et discret, a lancé mardi plusieurs missiles de croisière Kalibr et détruit, selon le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou, "un important dépôt de munitions, une fabrique de mines et des sites pétroliers".
Le ministère de la Défense a lui évoqué la "destruction de deux centres de commandement de l'organisation terroriste Etat islamique dans la province de Raqa", dans l'est du pays.
"Le missile de croisière Kalibr a une nouvelle fois fait preuve de son efficacité sur les longues distances", s'est félicité le ministre de la Défense qui rendait compte au Kremlin à Vladimir Poutine.
Avec ces tirs sous-marins, Moscou renforce sa panoplie d'options militaires dans la guerre en Syrie. Lors de bombardements antérieurs, y compris mardi selon Washington, des missiles de croisière ont été tirés sur des cibles en Syrie depuis des navires de guerre croisant en mer Caspienne. L'aviation russe a également mis en action des chasseurs-bombardiers basés en Russie qui ont tiré des missiles depuis le territoire russe.
Vladimir Poutine a rappelé que les missiles Kalibr pouvaient être équipés de têtes nucléaires mais a dit espérer que l'usage de la force nucléaire "ne sera jamais nécessaire dans la guerre contre le terrorisme".
- Washington prévenu des frappes -
Les Etats-Unis, qui mènent leur propre campagne de bombardements en Syrie, et Israël, avaient été prévenus en amont que des frappes seraient effectuées depuis un sous-marin, a déclaré M. Choïgou.
A Washington, le porte-parole du Pentagone Peter Cook l'a confirmé et a souligné que les Etats-Unis avaient "apprécié" cette "mesure supplémentaire de précaution" des Russes alors qu'ils n'étaient pas tenus de le faire.
Selon le ministère russe de la Défense, 1.920 bombes ont été lâchées ces quatre derniers jours sur des cibles en Syrie, détruisant 70 centres de commandement et 21 camps d'entraînement. L'aviation russe a notamment bombardé, pour aider la progression de l'armé syrienne, les provinces d'Alep, d'Idleb et des zones montagneuses de Lattaquié (nord-ouest), ainsi que la région de Palmyre, un bastion de l'EI.
Les fiefs de l'EI de Raqa et Deir-Ezzor ont également été frappés.
Deux semaines après la perte d'un bombardier russe abattu par l'aviation turque, l'armée russe a par ailleurs récupéré une boîte noire.
"Je vous demande de ne pas l'ouvrir pour l'instant", a déclaré M. Poutine à son ministre de la Défense, lui demandant de ne l'examiner "qu'en présence d'experts étrangers".
Le ministre de la Défense a déclaré que le territoire sur lequel était tombé le bombardier avait été "libéré" par les forces spéciales syriennes, ce qui leur a permis de découvrir la boîte noire dans une zone jusque-là tenue par les rebelles.
Le président russe a déclaré qu'une analyse de la boîte noire permettrait de déterminer la trajectoire et les paramètres de la position du bombardier au moment où il été abattu.
La Turquie affirme que l'avion est entré dans son espace aérien et a ignoré plusieurs mises en garde, tandis que la Russie dénonce une provocation délibérée.
M. Poutine a prévenu que le déchiffrage de la boîte noire, quel que soit son contenu, ne modifierait pas l'attitude de la Russie et n'atténuerait pas sa colère à l'égard de la Turquie après "ce coup de traître".
Auparavant, le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu avait affirmé que la Turquie était prête "si nécessaire" à prendre des "sanctions" pour répondre aux mesures de rétorsion, notamment économiques et diplomatiques, prises par Moscou, et qui pourraient coûter jusqu'à 9 milliards de dollars à Ankara.
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