Les cigarettes électroniques, populaires chez les jeunes et sujettes à controverses, sont aromatisées avec certaines substances chimiques dangereuses dont une est liée à une maladie pulmonaire grave, ont découvert des scientifiques.
Ces derniers plaident pour des actions urgentes afin de déterminer l'ampleur des risques et appellent à une réglementation fédéraleaux Etats-Unis.
Du diacétyle, substance liée à une maladie pulmonaire grave, a été trouvé dans plus de 75% des cigarettes électroniques aromatisées et des recharges testées par ces chercheurs de la faculté de santé publique de l'Université de Harvard (Massachusetts, nord-est). Ceux-ci ont publié leurs résultats dans l'édition de décembre de la revue Environmental Health Perspectives.
Deux autres substances nocives ont également été détectées dans un grand nombre d'essences aromatiques, dont des variétés prisées par les jeunes vapoteurs comme la "barbe à papa" ou le "cupcake".
L'administration américaine chargée de la sûreté et de la santé sur les lieux de travail, ainsi que l'industrie agroalimentaire, ont émis des mises en garde pour les personnes travaillant au contact du diacétyle.
Inhalée, cette substance peut provoquer une bronchite oblitérante chronique assez rare, apparue la première fois il y a une dizaine d'années chez des ouvriers d'unités de production qui respiraient des effluves d'arôme artificiel de beurre utilisé dans le popcorn.
"Le diacétyle et d'autres substances chimiques sont également utilisés dans de nombreux arômes artificiels pour les cigarettes électroniques, comme ceux de fruits, de boissons alcoolisées et, dans cette recherche, de bonbons", explique Joseph Allen, professeur adjoint de santé environnementale à l'Université de Harvard, l'un des principaux auteurs.
On compte sur le marché plus de 7.000 parfums dans les cigarettes électroniques et les "e-juice", des liquides contenant de la nicotine utilisés comme recharge.
- Risque respiratoire -
Alors que la popularité et l'usage de ces cigarettes continue de grandir, il y a un manque d'informations sur leurs effets potentiels sur la santé, déplorent ces chercheurs.
Ces cigarettes ne sont pas actuellement réglementées, contrairement au tabac. Mais l'Agence américaine des médicaments et des produits alimentaires (FDA) a proposé des réglementations sur certains produits du tabac et contenant de la nicotine, qui sont toujours en discussions.
Les chercheurs de Harvard ont testé 51 types d'arômes utilisés dans des cigarettes électroniques et les recharges vendues aux principales marques pour détecter la présence de diacétyle, d'acétoïne et de pentanédione.
Ces trois substances présentent un risque respiratoire pour les ouvriers dans les unités de production des arômes, comme indiqué par le groupement des fabricants (Flavor and Extract Manufacturers Association).
Les tests en laboratoire menés par ces scientifiques, qui ont reproduit les aspirations des vapoteurs pour analyser l'air, ont montré qu'au moins l'une de ces trois substances chimiques étaient présentes dans 47 des 51 arômes contenus dans les cigarettes électroniques testées.
Le diacétyle a été décelé au-dessus des limites du laboratoire dans 39 de ces arômes.
"Outre ces trois substances pouvant endommager les poumons et le fait d'avoir des doses variables de nicotine, ces cigarettes électroniques contiennent aussi d'autres produits chimiques cancérigènes, tels que le formaldéhyde", pointe David Christiani, professeur de génétique environnementale à l'Université de Harvard, un autre co-auteur de l'étude.
Pour l'Association américaine des poumons (American Lungs Association ou ALA), sans réglementation de la FDA, "nous ne pourrons simplement pas savoir ce que contiennent les cigarettes électroniques".
L'ALA rejette également sur son site internet l'argument des fabricants de ces cigarettes selon lequel le diacétyle et les deux autres substances chimiques sont sans risque vu qu'elles sont autorisées et jugées sûres dans les produits alimentaires par la réglementation fédérale. Mais, fait valoir l'Association, celle-ci ne s'applique pas dans ce cas aux substances inhalées.
La Dr. Gina Lundberg, cardiologue de la faculté de médecine de l'Université Emory à Atlanta, abonde dans le sens de l'ALA: "Nous ne pouvons pas savoir avec certitude si les cigarettes électroniques sont vraiment sûres", dit-elle dans un courriel à l'AFP, soulignant "la nécessité de la prudence".
"Des réglementations de la FDA fourniraient ainsi une assurance aux utilisateurs que la liste de toutes les substances indiquées sur le label correspond bien à la réalité", ajoute-t-elle.
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