Les chimistes américains Dow Chemical et DuPont veulent fusionner pour 120 milliards de dollars afin de créer un géant, avec des activités allant des pesticides aux OGM en passant par l'isolant thermique Styrofoam et la fibre synthétique Kevlar, utilisée dans la fabrication de gilets pare-balles.
Les deux entreprises, qui sont sous la pression d'investisseurs activistes, espèrent répondre à la chute des prix des matières premières et au ralentissement de grandes économies émergentes (Chine et Brésil) qui ont entamé la rentabilité du secteur, forçant de grandes manoeuvres.
Dow Chemical et DuPont sont en négociations avancées, ont indiqué dans la nuit de mardi à mercredi à l'AFP des sources bancaires confirmant des informations du Wall Street Journal.
D'après le schéma à l'étude, les deux chimistes vont s'unir dans un premier temps, selon ces deux sources. Il n'est pas exclu qu'ils procèdent par la suite à la scission en trois activités de la nouvelle entité: une dans l'agriculture, une deuxième dans les produits de chimie de spécialité et une autre dans la chimie traditionnelle. A terme, l'objectif serait de donner l'indépendance à ces trois activités, selon les deux sources.
Ce faisant, Dow Chemical et DuPont répondraient au voeu des milliardaires américains Daniel Loeb, actionnaire du premier via son fonds Third Point, et Nelson Peltz, présent dans le capital du second à travers sa société Trian. Ces derniers, qui critiquent la rentabilité jugée insuffisante des deux groupes, plaident depuis des mois pour une séparation des activités afin de dégager davantage de dividendes aux actionnaires.
Andrew Liveris, le PDG de Dow Chemical, serait le président du conseil d'administration du nouveau groupe et Edward Breen, l'actuel patron de DuPont, en deviendrait le directeur général.
Rien n'est encore fait, ont toutefois prévenu les deux sources sous couvert d'anonymat, car même en cas d'accord, il n'est pas certain que les autorités de la concurrence donnent leur feu vert au vu du poids des deux groupes dans les semences de maïs et de soja et dans les désherbants.
Les marchés semblent, eux, y croire: A Wall Street, les deux titres ont fortement bondi dans les échanges électroniques de post-séance mardi: Dow Chemical a gagné 5,50% à 53,7O dollars et DuPont de 6,23% à 70,75 dollars.
- Consolidation -
La nouvelle entité qui naîtrait de ce mariage éventuel cumulera un chiffre d'affaires annuel de plus de 90 milliards de dollars. En 2014, Dow Chemical a enregistré un chiffre d'affaires de 58,2 milliards de dollars et DuPont des revenus de 34,72 milliards. L'actuel numéro un du secteur, l'allemand BASF, avait lui engrangé des revenus de 74,33 milliards d'euros (81 milliards de dollars).
Cette opération serait aussi la deuxième plus importante transaction de l'année derrière le mariage à 160 milliards de dollars entre Pfizer et Allergan.
La fusion Dow Chemical-DuPont, qui ont quasiment une valeur identique en Bourse - 58,97 milliards de dollars mardi soir pour le premier et 58,37 milliards de dollars pour le second - serait l'un des plus gros de l'année et redessinerait complètement le paysage de l'industrie agrochimique mondiale, secouée depuis plusieurs mois par un vaste mouvement de consolidation.
Du semencier américain Monsanto aux allemands BASF et Bayer en passant par le suisse Syngenta et le belge Solvay, tous les grands acteurs du secteur ont avancé récemment leurs pions.
Monsanto a engagé les hostilités au printemps en offrant, en vain, jusqu'à 46 milliards de dollars pour racheter Syngenta.
La raison principale de cette course à la taille est la situation actuellement tendue de l'économie agricole, selon les analystes. Les prix des récoltes baissent depuis deux ou trois ans, la croissance des volumes ralentit.
Dans certaines zones, le secteur est déjà très concentré depuis les années 1990, les grands groupes de chimie ayant tout intérêt à combiner la commercialisation de pesticides et d'herbicides à celles de semences OGM résistant à ces mêmes substances chimiques, font valoir les experts.
Les difficultés actuelles des marchés agricoles, qui réduisent les revenus des proies potentielles et amenuisent les valorisations boursières, ne font qu'accélérer les choses, selon eux.
Des marchés majeurs comme le Brésil sont en récession ou font face à des taux de croissance plus bas, comme la Chine.
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