Le PS et Manuel Valls ont échoué mardi en dépit d'âpres tractations à obtenir le retrait de la liste de gauche avant le second tour des régionales dans le Grand Est, où le FN est en mesure de l'emporter.
A 18H00, les grandes manoeuvres, entre fusions, maintiens ou retraits, ont pris fin avec la clôture du dépôt des listes dans l'ensemble des 13 régions métropolitaines et outremer pour le vote de dimanche.
"Le compte n'y est pas" : les colistiers de Jean-Pierre Masseret n'ont pas été assez nombreux pour provoquer le retrait de la liste sur laquelle ils sont candidats dans le Grand Est. Et M. Masseret, qui s'est maintenu malgré les appels pressants de son parti, affirme désormais qu'il mènera le combat "jusqu'au bout".
"Personne ne peut comprendre qu'on puisse favoriser la victoire de (Florian) Philippot", le candidat Front national dans le Grand Est, avait martelé Manuel Valls. Devant les députés, le Premier ministre a défendu sa décision d'appeler à voter pour la droite dans trois régions où le FN peut s'imposer : Paca, Nord-Pas-de-Calais-Picardie et le Grand Est.
Une position contestée au sein même du PS par le chef de file des frondeurs, Christian Paul, selon qui Manuel Valls ne devait pas "abuser de son expression" qui souvent "fait monter le FN".
Chez Les Républicains, le "ni-ni" prôné par Nicolas Sarkozy et sa stratégie pour contrer le FN sont de plus en plus critiqués. Et les débats s'annoncent rudes au lendemain de l'élection.
Sur le terrain, l'ambiance se dégrade. Valérie Pécresse (LR), tête de liste en Ile-de-France a exclu que Nicolas Sarkozy participe à ses réunions de campagne en formulant son propre "ni-ni" : "ni lui", ni "aucun ténor national".
Même rejet de Xavier Bertrand, qui veut récupérer les voix de gauche pour l'emporter face à Marine Le Pen en Nord-Pas-de-Calais-Picardie.
- Mobiliser l'électorat -
"La difficulté, c'est que, pour gagner, les messages qu'on doit donner, selon les régions, ne sont pas les mêmes. Dans le nord, il nous faut les voix de gauche, dans le sud, il nous faut les voix de droite", a expliqué Nicolas Sarkozy, bousculé dans son propre parti, aux députés LR.
A gauche, l'appel de Manuel Valls à voter pour Christian Estrosi (LR) en PACA après le retrait de la liste de Christophe Castaner (PS) avait aussi du mal à passer chez les électeurs.
En Ile-de-France en revanche, Claude Bartolone (PS) et Emmanuelle Cosse (EELV), adversaires de premier tour, se sont affichés ensemble dans un quartier de Paris, au lendemain de la fusion de leurs liste, avec celle de Pierre Laurent (FG).
Situation inverse en Bretagne, où le ministre candidat Jean-Yves Le Drian (PS), largement en tête à l'issue du premier tour, n'a pas passé d'accord avec les écologistes d'EELV, qui ont dénoncé son "sectarisme". "La gauche est rassemblée partout sauf en Bretagne", a-t-on regretté dans l'entourage de Manuel Valls.
Pour la gauche, il s'agissait de rassembler le Front de gauche et EELV autour du PS, en ralliant les listes créditées d'au moins 5% des voix dimanche, le seuil qui les autorisait à fusionner. Unis dès le premier tour, la droite et le centre disposaient de moins de réserves de voix et de possibilités d'accord.
Arrivé troisième dimanche loin derrière le FN et la liste PS-PRG, Dominique Reynié (LR) a également choisi de se maintenir en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées. EELV et le FG ont pour leur part fusionné leurs listes avec celle de Carole Delga (PS-PRG), pour affronter le FN Louis Aliot, arrivé bon premier dans la région.
Rassemblement également en Rhône-Alpes-Auvergne, où les listes PCF et EELV-PG se sont ralliées à celle de Jean-Jack Queyranne pour affronter Laurent Wauquiez (LR-UDI-MoDem).
A cinq jours du second tour, la droite comme la gauche tentent à présent de mobiliser une partie de leur propre électorat qui a boudé les urnes dimanche, avec 50% d'abstention nationale.
Le FN, dont les électeurs étaient très mobilisés dès le premier tour, aborde au contraire le second en confiance, fort de ses 40% de voix en Paca et dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie.
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