Morgan Stanley va supprimer 1.200 emplois à travers le monde, dont 470 banquiers et traders, dans le cadre d'un plan de restructuration de ses activités de courtage et faute de rentabilité suffisante.
Au total, un quart des banquiers et courtiers en obligations, bons du Trésor, taux de devises et matières premières vont devoir quitter la banque américaine, a indiqué mardi à l'AFP une source proche du dossier.
De New York à Londres en passant par Hong Kong et Singapour, tous les bureaux sont affectés, a précisé cette source sous couvert d'anonymat.
Le reste des suppressions (730 emplois) frappe les métiers de "back office" (informatique, marketing), a ajouté cette source. Cette réduction de la voilure porte sur 2,2% des effectifs mondiaux de la banque américaine, qui emploie 56.000 personnes.
Morgan Stanley va inscrire une provision de 150 millions de dollars dans ses comptes au quatrième trimestre, essentiellement due aux indemnités de licenciements, a indiqué à l'AFP Mark Lake, un porte-parole, refusant cependant de confirmer le nombre de suppressions d'emplois.
La banque espère économiser 500 millions de dollars, selon les calculs des analystes. A Wall Street, le titre perdait plus de 2% vers 18H30 GMT.
- Prendre moins de risques -
Dans un document interne consulté par l'AFP, la banque explique que cette cure d'austérité est due au besoin de s'adapter à l'environnement actuel des marchés particulièrement néfaste aux activités spéculatives. Le courtage souffre particulièrement du bas niveau des taux d'intérêt.
"Sur les derniers jours, nous avons décidé de réduire des emplois sur l'ensemble de la division de +Revenus Fixes+ et de matières premières () Ceci va se traduire par un remodelage de la taille de ces activités en rapport avec les (conditions de) marché", écrivent Colm Kelleher, patron de la banque d'investissement, et Ted Pick, le chef des opérations de courtage, dans ce document.
Mi-novembre, M. Kelleher avait déjà prévenu que "les marchés des produits à rendement fixe (obligations et devises) sembl(ai)ent très mous, en attendant la décision de la Fed", la Réserve fédérale américaine, qui pourrait relever les taux d'intérêt dans quelques jours et pour la première fois depuis 2006.
Il avait averti que la mauvaise passe du courtage des obligations, matières premières et devises (FICC) - vache à lait des grandes banques au lendemain de la crise financière de 2008 - allait se prolonger au quatrième trimestre.
Au troisième trimestre, les recettes générées par le FICC avaient plongé de 41,5% sur un an chez Morgan Stanley, soit le "plus mauvais trimestre" depuis l'arrivée aux commandes en 2010 du PDG James Gorman, qui a entrepris de réorienter l'établissement new-yorkais vers la gestion des actifs et des grosses fortunes pour le protéger de toute nouvelle tempête financière.
Selon l'analyste Steven Chubak, chez Nomura Holdings, le FICC devrait représenter une rentabilité de 5% en 2015, bien inférieure aux 9% de la banque dans son ensemble.
Si Morgan Stanley n'a pas pour l'instant décidé de se retirer de certaines activités spéculatives, la banque ne va plus jouer les intermédiaires sur le marché des métaux, c'est-à-dire qu'elle n'assurera plus la liquidité sur ces marchés en reliant les investissements effectués par ses clients, selon une source proche du dossier.
Elle va toutefois continuer à assurer des opérations de couvertures de risques (hedging) pour ses clients et reste omniprésente sur les marchés de métaux précieux, confie la même source.
En début d'année, la banque américaine avait déjà vendu au courtier Castleton Commodities pour environ 1 milliard de dollars son activité de courtage pétrolier.
Morgan Stanley n'est pas la première grande banque à réduire sa taille dans le courtage.
Credit Suisse, Nomura Holdings et Royal Bank of Scotland (RBS) ont pris des décisions similaires pour répondre aux exigences des régulateurs qui leur demandent un matelas de sécurité plus important - plus de capitaux ou de fonds propres - de prendre moins de risques et de détenir moins de créances douteuses.
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