Prononçant en italien la formule rituelle qui inaugure depuis 700 ans les jubilés: "Ouvrez-moi les portes de la justice", François a poussé les battants de la lourde porte de bronze, murée en temps ordinaire. Il est resté longtemps immobile dans l'embrasure, en prière, sur le seuil de la basilique vide.
Au cours de cette cérémonie retransmise en mondovision, il avait auparavant chaleureusement donné l'accolade au pape émérite Benoît XVI sur le parvis.
Joseph Ratzinger, 88 ans, frêle, en manteau blanc, appuyé sur sa canne, a franchi à pas hésitants la Porte derrière François.
C'est la première fois dans l'histoire de l'Eglise que deux papes se retrouvent ensemble pour le lancement d'une année sainte.
Une longue procession de cardinaux, d'évêques, de prêtres, et d'autres religieux et religieuses s'est ensuite dirigée vers la tombe de l'apôtre Pierre, fondateur de l'Eglise.
Puis des pèlerins ont commencé à franchir cette porte, posant la main ou baisant son embrasure. Conformément à la tradition de l'Eglise, ce passage leur permet de recevoir l'"indulgence plénière", une grâce qui les aide à se libérer du péché.
Sur fond de mesures de sécurité sans précédent, quelque 70.000 fidèles, selon le Vatican, étaient rassemblés place Saint-Pierre.
- L'expression grave -
Le pape de 78 ans, portant sa crosse, y est arrivé à 09H30, l'expression grave, l'air fatigué.
François a insisté sur l'actualité du Concile Vatican II (1962/65), le jubilé ayant été décidé pour commémorer sa fin il y a 50 ans. Celui-ci, a-t-il souligné, "a été une véritable rencontre avec les hommes de notre temps" d'une "Eglise poussée par l'Esprit Saint à sortir des obstacles qui l?avaient refermée sur elle-même".
Cette volonté d'ouverture porte la marque du pape François, qui fêtait mardi ses mille jours de pontificat et s'est lancé dans une oeuvre réformatrice de l'Eglise.
En 1965 déjà, l'Eglise voulait "aller à la rencontre de tout homme là où il vit : dans sa ville, dans sa maison, sur son lieu de travail. Une poussée missionnaire que nous reprenons avec le même enthousiasme", a-t-il exhorté.
"N?ayons pas peur ! Laissons-nous embrasser par la miséricorde de Dieu qui pardonne tout !", a encore lancé le pape argentin pendant l'Angelus.
Cecilia Koo, arrivée de Corée du Sud, s'est dite touchée par ce pape "qui dit qu'il vient pour servir, comme le Christ".
Deux amies polono-italiennes, Teresa et Carolina, venues en 2000 pour le jubilé de Jean Paul II, ont tenu à être là : "François, c'est toujours le pape, nous lui obéissons".
"Ce qui changera pendant ce jubilé de la miséricorde, c'est que je vais donner l'aumône au clochard que je laissais à l'écart sur le trottoir", affirme Teresa.
Le soir, à 19h00 (18h00 GMT), sur la façade et le dôme de la basilique tout illuminés, des oeuvres de photographes comme le Brésilien Sebastiao Salgado et le Français Yann Arthus-Bertrand, seront projetées. Elles illustreront la beauté de la nature, mais aussi les drames de l'humanité, à commencer par les changements climatiques, au moment où se déroule à Paris la conférence sur le climat.
- Jubilé "extraordinaire" -
Cette Année sainte, 15 ans après le jubilé du pape Jean Paul II, est une Année sainte "extraordinaire", contrairement aux "ordinaires" qui ont lieu tous les 25 ans. Ce jubilé a été fortement voulu par Jorge Bergoglio, pour souligner l'importance de la "miséricorde" de Dieu, mot-clé de son pontificat.
Il durera jusqu'au 20 novembre prochain. Pas moins de 21 célébrations sont prévues, avec des accents sur des groupes divers - familles, jeunes, bénévoles, diacres, prêtres, malades et handicapés, catéchistes, détenus...
La participation attendue de millions de pèlerins pose la question aigüe de la sécurité de ce "premier jubilé aux temps de l'organisation Etat islamique (EI)", selon l'expression des autorités italiennes.
La présence des carabiniers, de la police et de l'armée est omniprésente depuis samedi autour du Vatican.
Le 13 novembre, pour la première fois, d'autres Portes saintes seront ouvertes dans les différentes cathédrales du monde. Le pape a innové et voulu ouvrir le jubilé au plus grand nombre. Dimanche dernier, il avait ouvert une Porte sainte à la cathédrale de Bangui, par anticipation, signe de sa volonté de ne pas oublier les "périphéries".
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