Au lendemain du premier tour des élections régionales qui a marqué une "percée historique" du front national (FN), arrivé en tête dans six régions, les éditorialistes ont lundi une double interrogation : comment en est-on arrivé là ? Que faire au second tour ?
Le parti de Marine Le Pen a capté environ 28% des suffrages, devançant la droite (27%) et le PS (23,5%), selon les dernières totalisations encore partielles du ministère de l'Intérieur. "Son résultat, historique, dépasse tous les pronostics", constate Michel Urvoy (Ouest-France).
Ce qui a poussé, d'une manière absolument inédite, Le Figaro et L'Humanité, à choisir le même titre de Une : "Le choc".
Dans Le Journal de la Haute-Marne, Christophe Bonnefoy résume bien l'humeur ambiante : "le Front national est tout simplement le premier parti de France". "Le vote sanction contre le pouvoir en place, mais aussi contre une opposition moribonde, ne fait aucun doute", explique-t-il.
Pour Guillaume Goubert (La Croix), "le choc est brutal" et il faut réaliser, selon Jean-Claude Souléry de la Dépêche du Midi que "nous sommes atteints de lepénisme aigu". Dans le Courrier Picard, Mickael Tassart remarque de son côté que "le score du FN est glaçant mais mesure fidèlement la colère des électeurs".
Car, explique David Guévart dans Nord Littoral, "ce premier tour achève la débandade de la majorité présidentielle".
"Ce n?est pas un hasard si le Nord-Pas-de-Calais - Picardie et la Provence-Alpes-Côte d?Azur arrivent en tête des régions où le Bleu Marine s?étend le plus largement", estime Stéphane Albouy (e Parisien). Des endroits frappés par un "taux de chômage bien supérieur à la moyenne nationale" ou qui étaient comme le Nord, des bastions PS où "une immense attente" a viré "aujourd?hui à la désillusion".
"Nous vivons désormais dans un système tripartite", écrit L'Est Eclair (Jean-René Lore).
Mais, remarque Nicolas Beytout (L'Opinion) "cette situation nouvelle fracasse tous les codes des soirées électorales antérieures. Elle laisse les perdants, la gauche et la droite, sans stratégie. Et sans voix".
- 'Cadeau empoisonné' -
Au 2e tour, fusion ? Désistement ? Nicolas Sarkozy, dont plusieurs éditoriaux soulignent l'échec face au FN, a déjà dit non. Et Le Figaro lui donne raison car "rien ne serait pire qu'une droite donnant aux Français l'impression de mitonner avec la gauche sa "soupe à l'union" pour sauver des places et des postes"", écrit Alexis Brézet dans le quotidien de droite.
Ce qui fait d'ores et déjà dire à 'Est Républicain (Alain Dusart) que "la question de +?faire barrage?+ au FN prend déjà l?eau". Mais, La Charente Libre par Jean-Louis Hervois affirme que "la droite (ayant) pris la précaution dès l?annonce des résultats de refuser tout compromis () La voilà dotée d?un cadeau empoisonné".
En revanche, pour Libération, Laurent Joffrin estime que "tout républicain conséquent doit comprendre que le pire est devant lui. Et tout faire pour l?éviter". Dans L'Humanité, Patrick Apel-Muller, après avoir rendu le PS et François Hollande responsables de la déroute, souligne toutefois que "partout où le Front national menace, il ne peut y avoir d?hésitation : voter contre lui".
La Croix interpelle les abstentionnistes, qui représentent un électeur sur deux. "Tout électeur doit se sentir interrogé?: accepte-t-il ou non cette perspective ? Et, quelle que soit sa réponse, aller voter" écrit Guillaume Gaubert".
Raymond Couraud (L'Alsace) estime en effet que "la France des abstentionnistes a certainement une partie de la réponse entre ses mains". D'autant que "l?abstention est de loin le premier parti de France", écrit Jérôme Glaize dans Presse Océan.
"Vainqueur du premier tour, le FN est-il pour autant assuré d?enfoncer le clou dimanche prochain ? Rien n?est acquis", pense toutefois Michel Klekowicki dans Le Républicain lorrain.
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