Enorme poussée du FN, effondrement de la gauche, bonne tenue des Républicains: le premier tour des élections régionales en Nord-Pas-de-Calais-Picardie laisse face à face Marine Le Pen, la mieux placée, et Xavier Bertrand pour la conquête d'une région qui a toujours été à gauche.
Contraint de se retirer à cause d'un piètre score (18% environ), le socialiste Pierre de Saintignon laissera Marine Le Pen et Xavier Bertrand (Les Républicains) s'affronter en duel au second tour. Conséquence, la gauche n'aura pas d'élus au conseil régional.
La seule question qui se posait dimanche soir était de savoir si la présidente du FN pourrait être battue au second tour, grâce à une coalition des Républicains, le parti de Nicolas Sarkozy, et de la gauche, qui a du mal à prendre forme.
Marine Le Pen s'est dit peu "inquiète" de voir ses rivaux "s'allier". "La tête de liste du PS demande à ses électeurs de se faire hara-kiri et de voter pour quelqu'un qui a affirmé pendant toute sa campagne que la région était dirigée par une bande de feignasses", s'est-elle étonnée.
Le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis a demandé au socialiste Pierre de Saintignon, arrivé troisième, de se retirer. Le socialiste s'est exécuté quelques minutes plus tard.
Avec plus de 40% au premier tour (entre 40,3% et 41%), Marine Le Pen, et le Front national qu'elle dirige, a réalisé un score stratosphérique, pratiquement le double en pourcentage de celui qu'avait réalisé le FN aux régionales de 2010 (20,21% si l'on fait la moyenne pour le Nord-Pas-de-Calais et la Picardie, alors séparés).
En voix, c'est même plus du double, la participation ayant progressé d'environ dix points par rapport à 2010, selon des données encore provisoires.
Le résultat de Marine Le Pen est conforme aux intentions de vote mesurées avant le scrutin par les instituts de sondages, dans cette région où le taux de chômage est le plus élevé de France (12,4% au 2e trimestre 2015).
Elle réalise des scores impressionnants, par exemple à Calais, une ancienne ville communiste dirigée par Natacha Bouchart (Les Républicains), sous les feux de l'actualité en raison de l'afflux de migrants. Elle y recueille pratiquement la moitié des voix (49,10%). A Hénin-Beaumont, dirigé par Steve Briois (FN), elle obtient 59,36%.
- Les espoirs de Xavier Bertrand -
A la tête de la région depuis la première élection au suffrage universel direct en 1986, la gauche, toutes familles confondues, essuie une défaite historique.
Pierre de Saintignon, à la tête d'une liste PS-Divers gauche-Union des écologistes, obtient seulement entre 18% et 18,4%, soit près de cinq points de moins que la moyenne nationale des listes PS-DVG. C'est donc un échec personnel pour ce proche de Martine Aubry.
La gauche (PS-DVG-Union des écologistes, EELV-Parti de gauche et PCF) ne totalise qu'entre 27,4% et 29,9%, contre 54% au premier tour de 2010 (Nord-Pas-de-Calais + Picardie).
Dans cette région comme dans les autres, le président des Républicains Nicolas Sarkozy a exclu toute forme d'accord avec les socialistes et la gauche.
Arrivé deuxième (de 24 à 25%), Xavier Bertrand a estimé peu après la fermeture des bureaux de vote que "la liste de rassemblement de la droite et du centre" qu'il conduisait était "la seule alternative possible contre l'extrême droite".
Il s'est fait fort de battre la favorite dimanche prochain. "Le visage de la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie ne sera pas celui de Marine Le Pen. L'Histoire retiendra que c'est ici et maintenant dans notre région que son ascension a été stoppée".
Dans sa première déclaration, Pierre de Saintignon a estimé que "personne ne peut avoir ce soir la prétention de gagner seul".
Deux heures et demie plus tard, la tête de liste socialiste annonçait devant les caméras qu'il avait "décidé de retirer (sa) liste". Il n'a toutefois pas appelé explicitement à voter pour Xavier Bertrand, dont il a fustigé "l'attitude arrogante". Cette mésentente prépare des reports de voix difficiles.
Conséquence, l'ensemble de la gauche disparaît du conseil régional. Le PCF et l'alliance EELV-PG ne peuvent en effet se maintenir, n'ayant pas obtenu 10% des suffrages exprimés.
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