Depuis un demi-siècle, atterrir à Lukla au Népal, la porte d'entrée vers l'Everest, demande courage et précision en raison de la piste minuscule et piégeuse de cet aéroport perché sur un éperon rocheux.
Les pilotes doivent naviguer entre des pics enneigés et affronter un temps capricieux pour arriver sur une piste longue de seulement 500 mètres en haut d'une crête et qui se termine par un abysse.
Une succession d'accidents mortels vaut à Lukla son surnom "d'aéroport le plus dangereux du monde". L'un, survenu en octobre 2008, avait tué les 18 passagers de l'avion. Seul le pilote avait survécu.
"C'est une approche à haut risque et il y a très peu de place pour l'erreur. Le temps change sans cesse et le terrain escarpé rend parfois l'atterrissage impossible", explique à l'AFP un pilote d'hélicoptère, Nischal KC.
Egalement appelé "Aéroport Tenzing-Hillary", du nom des premiers alpinistes à avoir gravi l'Everest, cet aéroport ne dispose d'aucun système radar, ce qui oblige le personnel à travailler avec un système de guidage audio dépassé pour suivre les appareils en vol.
"Les pilotes nous disent quand ils approchent, nous leur fournissons les informations sur le vent et le trafic aérien et quand l'avion entre dans la vallée de Lukla, nous demandons aux hélicoptères de rester à l'écart", explique le contrôleur aérien Dinesh Koirala.
L'aéroport a connu ses heures les plus compliquées lors du séisme qui a dévasté le Népal il y a six mois, déclenchant une avalanche meurtrière sur l'Everest et laissant des centaines d'alpinistes coincés en montagne.
- Panique géante -
Les pilotes engagés dans les secours qui cherchaient à atteindre le camp de base de l'Everest ont dû patienter pendant une journée en raison du temps exécrable.
Quand ils ont finalement pu décoller, les répliques du séisme de magnitude 7,8 ont fait craindre de nouveaux graves dommages.
"Les répliques se poursuivaient mais j'étais plus préoccupé par le temps, je savais que tant qu'il ne se dégagerait pas, nous ne pourrions pas envoyer d'hélicoptères pour sauver les personnes blessées par l'avalanche", explique le contrôleur aérien.
Nischal KC, qui vole depuis 14 ans dans la zone de l'Everest, se souvient d'avoir commencé sa journée par une prière. "Ma priorité était de sortir les blessés du camp de base, mais ceux qui étaient coincés plus haut dans la montagne étaient paniqués par les répliques", explique le pilote de Manang Air.
Il a fait des dizaines de vols pour sauver des blessés et secourir des alpinistes impatients de quitter la montagne.
La fréquence des répliques, qui rendaient l'atterrissage encore plus périlleux, a contraint les pilotes à se placer en vol stationnaire et à faire descendre les alpinistes par des cordes.
Pendant ce temps, des centaines de touristes envahissaient l'aéroport et pressaient les compagnies de leur vendre un billet pour fuir la région.
Dans leur tour de contrôle, Koirala et ses collègues ont vécu la semaine la plus chargée de leur vie, gérant les nombreux mouvements des avions et hélicoptères pour éviter tout accident.
"Ce fut une semaine de vols non-stop. Le travail était très stressant tant il y avait d'appareils", se souvient Koirala.
- L'idée d'Edmund Hillary -
Avant la construction de l'aéroport en 1964, les centaines de kilogrammes de matériel d'expédition étaient acheminés de Katmandou à Lukla à pied par des porteurs.
Le célèbre Edmund Hillary envisageait initialement la construction d'une piste sur un terrain plat mais les agriculteurs de la région ont refusé d'abandonner leurs terres fertiles.
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