Le président Barack Obama a assuré samedi que l'Amérique ne se laisserait pas "terroriser" après la fusillade meurtrière de Californie, pour laquelle les enquêteurs privilégient désormais la piste terroriste.
L'attaque a été saluée, mais pas revendiquée, par le groupe Etat islamique (EI).
"Nous sommes Américains. Nous défendrons nos valeurs, celles d'une société ouverte et libre. Nous sommes forts. Nous sommes résistants. Et nous ne nous laisserons pas terroriser", a déclaré M. Obama dans son allocution hebdomadaire diffusée par la Maison Blanche.
Les enquêteurs du FBI ont rapporté vendredi avoir trouvé chez le couple d'origine pakistanaise armé jusqu'aux dents qui a tué mercredi 14 personnes "des signes de radicalisation" et une "inspiration potentielle par des organisations terroristes étrangères".
Mais rien n'indique à ce stade que la femme, Tashfeen Malik, mariée à Syed Farook, faisaient partie d'un réseau organisé ou d'une "cellule", a tenu à préciser le chef du FBI, James Comey.
Dans un programme en anglais diffusé samedi sur la radio du groupe EI, l'organisation jihadiste salue les auteurs du massacre qu'il qualifie de "soldats" de son califat auto-proclamé, sans pour autant revendiquer leur action. Une agence de presse de l'EI avait précédemment affirmé que les tueurs étaient des "partisans" du groupe jihadiste.
Le FBI a souligné vendredi la "minutieuse préparation" des tueurs et affirmé qu'il privilégiait désormais "l'hypothèse d'un acte terroriste".
Si cette piste était confirmée, ce serait l'attentat le plus meurtrier aux Etats-Unis depuis le 11 septembre 2001.
- Allégeance à l'EI -
Les autorités étudient notamment une page du réseau social Facebook sur laquelle Malik, 29 ans, aurait fait acte d'allégeance au groupe EI.
Le couple, parents d'une fillette de six mois, avait planifié le massacre perpétré lors d'un déjeuner de Noël pour les employés des services de santé locaux, où travaillait Farook.
Le FBI a énuméré les preuves à l'encontre des tueurs, Syed Farook, 28 ans, et Tashfeen Malik: un arsenal de milliers de munitions, des explosifs, des téléphones portables, des ordinateurs, des conversations avec des extrémistes "aux Etats-Unis", peut-être à l'étranger.
Ils avaient loué le 4x4 noir dans lequel ils ont tenté d'échapper aux forces de l'ordre avant d'être abattus après un échange de plus de 100 coups de feu avec la police. Et les autorités ont retrouvé deux téléphones portables écrasés dans une poubelle où le couple avait tenté de s'en débarrasser.
Le porte-parole de la Maison Blanche Josh Earnest a admis qu'il était "très difficile d'empêcher l'action de loups solitaires".
Vu l'arsenal retrouvé chez eux, les autorités n'excluent pas que le couple préparait une autre attaque.
Dans un éditorial, publié in extenso en Une samedi pour la première fois depuis 1920, le New York Times a appelé avec force à un contrôle plus strict des armes à feu.
Intitulé "Mettre fin à l'épidémie des armes à feu en Amérique", l'éditorial fustige les élus qui ne sont pas parvenus à réformer la législation sur les armes, même après le massacre de 20 écoliers à Newtown en 2012.
- "Il a épousé une terroriste" -
Les avocats de la famille de Syed Farook, Mohammad Abuershaid et David Chesley, ont assuré que les proches du jeune homme, "sous le choc", "n'avaient aucune idée" de ce qui se tramait.
A l'opposé, le frère de Farook est, d'après un responsable de la Défense, un ancien combattant qui a gagné des médailles durant la "guerre contre le terrorisme".
Selon ses proches, Farook était un jeune homme poli, introverti et solitaire, qui vivait "le rêve américain: il était marié, il avait une fille, il avait gagné 77.000 dollars l'an dernier", selon un jeune homme qui priait dans la même mosquée que lui.
Il avait rencontré sa femme en 2013 sur un site de rencontres et l'avait épousée en 2014 en Arabie saoudite, où elle a vécu après avoir grandi au Pakistan.
A son retour aux Etats-Unis, le jeune homme n'était plus le même, a assuré un de ses anciens collègues, Christian Nwadike. "Je pense qu'il a épousé une terroriste", a-t-il déclaré à CBS.
Les avocats de la famille de Farook ont décrit Tashfeen Malik comme "une femme au foyer typique", qui s'occupait de son bébé, "avait choisi de ne pas conduire", ne montrait pas son visage.
Ils ont évoqué une famille "très traditionnelle", où les hommes et les femmes ne s'asseyaient pas dans la même pièce.
Au Pakistan, l'ex-doyen de la faculté de pharmacie de Bahauddin Zakariya University, Khalid Janbaz, a décrit Tashfeen Malik comme une "étudiante brillante".
Mais une étudiante Abdia Rani a expliqué à l'AFP qu'elle se serait "peu à peu tournée vers la religion" devenant plus sérieuse et discrète. "Mais nous n'avons jamais imaginé qu'elle avait des liens avec les extrémistes ou qu'elle puisse être une extrémiste", a ajouté Rani.
Les avocats ont aussi relativisé l'arsenal des tueurs au regard de la place des armes aux Etats-Unis. M. Chesley a fait valoir qu'aux Etats-Unis, "en particulier si vous pratiquez le tir, ce n'est pas inhabituel d'avoir 2.000 cartouches à la maison".
Il a aussi minimisé le lien présumé de Farook avec les réseaux islamistes: "ce n'est pas parce que vous avez été sur une page internet que vous soutenez".
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