Une heure seulement après le feu vert du Parlement, la Grande-Bretagne a conduit dans la nuit de mercredi à jeudi ses premières frappes aériennes en Syrie contre des installations pétrolières du groupe État islamique (EI).
Les députés venaient à peine de quitter la Chambre des Communes lorsque quatre Tornado de la Royal Air Force, assistés par un drone Reaper, ont décollé dans la nuit de Chypre pour frapper six cibles sur le champ pétrolier d'Omar, à environ 50 kilomètres de la frontière irakienne.
"Ces raids ont infligé des dommages réels aux ressources pétrolières dont dépendent les finances des terroristes", a affirmé le ministre de la Défense, Michael Fallon.
La mission des chasseurs-bombardiers s'est terminée à l'aube. Avec "succès" selon les premières analyses du ministère de la Défense. "Plusieurs de ces champs pétroliers avaient déjà été efficacement visés par d'autres membres de la coalition. Les avions et les armements de la RAF sont particulièrement adaptés à ce type de cible par leur capacité à limiter les dommages collatéraux", a-t-il dit.
"Nous allons devoir être patients et persévérants. Cela va prendre du temps", a prévenu jeudi le Premier ministre David Cameron, qui a reçu les félicitations de la chancelière allemande Angela Merkel pour avoir mené des frappes si rapidement après le vote alors que les députés allemands doivent de leur côté voter vendredi en faveur d'une mission de soutien aux bombardements de la coalition.
A peine les premiers avions rentrés à leur base chypriote d'Akrotiri, deux Tornado supplémentaires et six avions de combat Typhoon ont décollé du Royaume-Uni pour venir doubler la capacité britannique dans la région.
Le vote du parlement, intervenu vers 22h30 GMT après plus de dix heures d'un débat passionné, dans une chambre bondée, a été acquis par 397 voix pour, 223 voix contre.
Cette majorité confortable a été rendue possible par l'apport des voix de 66 députés travaillistes, qui, libres de leur choix, se sont joints aux conservateurs.
- 'C'est la bonne décision' -
La tirade enflammée en faveur des frappes de Hilary Benn, responsable des Affaires étrangères au Labour, a été accueillie par un tonnerre d'applaudissements. Assis un mètre derrière lui, son leader Jeremy Corbyn, opposé aux raids, a encaissé le coup.
Le Premier ministre David Cameron a plaidé pour que le pays prenne ses responsabilités et soutienne ses alliés. En particulier la France, meurtrie par les attentats à Paris, et qui a elle-même intensifié ses frappes en Syrie.
Le président français François Hollande a tout de suite salué cette "nouvelle réponse à l'appel à la solidarité des Européens". Les Etats-Unis et la Russie, déjà engagés au-dessus de la Syrie, ont également exprimé leur satisfecit.
La Grande-Bretagne devient le sixième membre de la coalition internationale à bombarder l'EI à la fois en Irak et en Syrie. Environ 8.300 raids aériens ont été conduits en un an, dont plus de 80% ont été assurés par les Etats-Unis.
"C'est la bonne décision", a assuré David Cameron, partisan de cette extension depuis des mois mais qui attendait d'avoir la garantie d'un consensus au parlement.
Celui-ci avait rejeté, fin août 2013, des frappes aériennes contre le régime de Bachar al-Assad en Syrie, échaudé par les opérations en Afghanistan et en Irak lancées sous l'ex-Premier ministre travailliste Tony Blair.
"Nous ne devons pas utiliser les erreurs du passé comme excuse à l'indifférence et à l'inaction", a plaidé David Cameron.
- Apport 'marginal' -
Le Premier ministre a ajouté que la contribution militaire de son pays pourrait "faire une vraie différence", grâce notamment à l'utilisation de missiles de précision Brimstone.
Les experts s'accordent pourtant à dire que l'apport de la Grande-Bretagne sera "marginal".
"Une participation aux frappes sera importante symboliquement et utile opérationnellement, elle ne changera pas le cours de la guerre", a souligné Malcolm Chalmers, directeur de recherche à l'institut RUSI.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.