Oscar Pistorius vit-il ses derniers jours de liberté surveillée? La Cour suprême d'appel sud-africaine livre jeudi son verdict, qui pourrait renvoyer le champion déchu derrière les barreaux pour plusieurs années.
Pistorius, le héros handicapé des jeux Olympiques de Londres 2012, a été condamné en première instance à cinq ans de prison pour avoir tué sa petite amie Reeva Steenkamp en février 2013.
Il a toujours affirmé avoir tiré par erreur, en pleine nuit, dans la porte des toilettes où se trouvait sa victime, croyant qu'un cambrioleur s'était introduit dans sa maison. La juge a prononcé un verdict d'"homicide involontaire".
Le 19 octobre, après avoir purgé un an de prison, il a été remis en liberté surveillée, aux arrêts domiciliaires dans la somptueuse villa de son oncle à Pretoria, et soumis à des travaux d'intérêt général.
Le parquet, qui a soutenu tout au long du procès la thèse d'un meurtre prémédité consécutif à une dispute, a fait appel, dans l'espoir d'obtenir une condamnation plus sévère. Une requalification des faits en "meurtre" vaudrait au sportif de 29 ans au moins 15 ans de prison.
L'audience d'appel s'est tenue le 3 novembre et les juges suprêmes doivent maintenant trancher:
- Soit rejeter l'appel du parquet et laisser Pistorius purger les quatre ans qu'il lui reste sous le régime de la liberté surveillée et des travaux d'intérêt général.
- Soit accepter les arguments du procureur et requalifier les faits en "meurtre".
- 'Intention de tuer' -
"Il y a de bonnes chances que le tribunal rejette l'homicide involontaire et le remplace par un verdict de meurtre", pronostique l'avocat Rudi Krause, à l'unisson d'autres juristes. "Dans ce cas, la cour d'appel renverra l'affaire devant la juridiction de première instance pour qu'elle prononce une nouvelle sentence".
Ce qui ne signifie pas, selon la procédure sud-africaine, l'ouverture d'un nouveau procès. Mais seulement une nouvelle délibération pour modifier la peine.
Le procureur Gerrie Nel, dans son réquisitoire devant la Cour d'appel du 3 novembre, s'était efforcé de démontrer l'erreur de raisonnement, selon lui, de la juge de première instance.
Pistorius, avait-il argumenté, a bel et bien tiré quatre balles de fort calibre contre la porte d'un cabinet de toilette étroit, à hauteur d'homme parce qu'il pensait, de son propre aveu, qu'un cambrioleur s'y était introduit.
Comment, dès lors, soutenir que l'ancien champion paralympique n'a pas eu l'intention de tuer ?
"En tirant à travers une porte à hauteur d'homme dans un petit espace (), il est prévisible que quelqu'un va mourir", avait martelé le procureur Nel. "La seule conclusion raisonnable () doit être qu'il avait l'intention de tuer la personne."
Pistorius ne devrait pas être présent jeudi à l'énoncé du verdict, selon le greffe du tribunal.
En revanche, la mère de la victime, June Steenkamp, est attendue. "Elle a confiance dans le tribunal et acceptera la décision de la cour", a précisé à l'AFP son avocate Tania Koen.
Le jugement, qui sera lu par l'un des cinq juges de la Cour suprême d'appel, devrait être retransmis en direct à la télévision, comme l'ensemble de la procédure judiciaire dans cette affaire.
Oscar Pistorius, avant la nuit fatale de la Saint Valentin 2013, était une icône du sport mondial. Amputé des deux jambes en dessous du genou, il courait sur des prothèses de carbone souples qui lui ont valu le surnom de "blade runner" (le coureur aux lames).
Plusieurs fois champion paralympique en athlétisme, il a connu l'apogée de sa gloire aux Jeux Olympiques de Londres en 2012, lorsqu'il a été autorisé à s'aligner sur 400 mètres avec les valides, atteignant la demi-finale.
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