"Il faut accélérer": les délégations de 195 pays ont été fermement rappelées à l'ordre mercredi par le président de la conférence sur le climat, Laurent Fabius, les pourparlers sur l'accord tant espéré dans dix jours piétinant sur nombre de points.
"Mon message est tout à fait clair: il faut accélérer le processus parce qu'il nous reste beaucoup de travail", a déclaré à la presse le chef de la diplomatie française, dressant un premier bilan des tractations entrées dans le vif du sujet mardi.
"Des formules de compromis doivent être dégagées le plus rapidement possible, les chefs d'Etat et de gouvernement nous ont donné lundi un mandat sans ambigüité, nous devons réussir", a encore dit M. Fabius au Bourget (nord de Paris).
Après les grands discours d'un sommet sans précédent de 150 chefs d'Etat pour l'ouverture de la COP21, les délégations tentent désormais de s'entendre sur un projet d'accord qui permettra de limiter le réchauffement à 2°C par rapport à l'ère pré-industrielle, afin de préserver l'humanité des pires conséquences du dérèglement climatique.
Pour l'heure, le texte sur la table comporte 55 pages, et une multitude d'options sur chaque chapitre.
"Sur aucun point, nous ne faisons les progrès qui seraient nécessaires", a déclaré l'Américain Daniel Reifsnyder, l'un des deux présidents du groupe de travail sur le projet d'accord, lors d'une réunion des délégations.
"La frustration monte"
Selon un négociateur européen, "la frustration monte".
Le calendrier est pourtant serré. "J'ai demandé () de me remettre un projet d'accord samedi à midi", a précisé Laurent Fabius. "L'objectif est que beaucoup d'options aient été tranchées d'ici la fin de cette semaine", avant que les ministres des divers pays prennent le relais des négociations lundi.
"La question de l'aide financière est la plus difficile", selon Alden Meyer, de l'ONG américaine Union of Concerned Scientists. Les pays en développement exigent que l'aide des pays industrialisés pour faire face au réchauffement monte en puissance, et en ont fait une de leurs lignes rouges.
Philosophe et forte de l'expérience de nombreuses COP, la responsable climat de l'ONU Christiana Figueres a cherché à dédramatiser.
Le texte "va connaître des hauts et des bas, il y aura de nombreuses virgules qui vont être ajoutées, d'autre qui vont être retirées (). Le produit final n'interviendra pas avant la fin de la semaine prochaine", a-t-elle averti.
La rare bonne nouvelle de la journée a semblé venir de Pékin, le plus grand pollueur au monde, qui a indiqué son intention de moderniser d'ici 2020 ses centrales à charbon afin de diminuer leurs émissions polluantes de 60%.
Mais pour l'expert de Greenpeace sur la politique chinoise, Li Shou, "ceci n'est pas nouveau". "Cela figure déjà dans les plans nationaux. Ils ont décidé de formuler les choses plus explicitement", a-t-il dit à l'AFP. "Ce sont de vieux chiffres", a renchéri Lo Sze Ping du WWF Chine.
Mercredi, 185 pays sur 195, couvrant quelque 95% des émissions de gaz à effet de serre, avaient annoncé des mesures pour limiter, voire réduire, les émissions polluantes à l'horizon 2025 ou 2030, selon M. Fabius.
Elles devraient néanmoins progresser de 22% entre 2010 et 2030, ce qui met la planète sur la trajectoire d'un réchauffement entre 2,7°C et 3,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle.
"Responsabilité historique" des pays riches
Le but de la COP21 est de s'entendre sur un mécanisme garantissant une révision à la hausse des objectifs, en faisant le point régulièrement --tous les cinq ans est le plus probable-- sur les efforts fournis et ceux restant à faire.
A ce sujet, les discussions sur le mécanisme de révision "avancent mais lentement", selon la Fondation Hulot, l'Inde ayant donné son accord à un bilan "tous les 5 ans mais pas avant 2020", alors que certains pays souhaitent que la première révision ait lieu d'ici l'entrée en vigueur de l'accord prévue en 2020.
La question de la part que doivent prendre les grands pays émergents dans l'effort commun pour réduire les gaz à effet de serre est l'un des sujets les plus épineux, ces pays mettant en avant leur droit au développement et la "responsabilité historique" des pays riches dans le réchauffement.
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