Le Premier ministre britannique David Cameron a appelé mercredi les députés à voter en faveur de frappes en Syrie, soulignant que le pays devait prendre ses responsabilités et soutenir ses alliés contre le groupe État islamique (EI).
"Nous devons répondre à l'appel de nos alliés. L'action que nous proposons est légale, nécessaire et c'est la bonne chose à faire pour la sécurité de notre pays", a martelé M. Cameron à l'ouverture d'un débat qui doit durer une dizaine d'heures avant un vote attendu autour de 22H30 GMT.
"Nous devons prendre nos responsabilités", a fait valoir le dirigeant conservateur, estimant que la contribution militaire du pays pourrait "faire une vraie différence".
Selon un décompte de la BBC, sur les 640 députés (dont 330 conservateurs et 232 travaillistes) qui doivent prendre part au vote, 362 devraient voter en faveur de la motion, 175 contre, 19 "pencheraient" pour voter oui, 3 "pencheraient" pour le non et 80 seraient indécis.
Une quarantaine de députés du Labour soutiendrait l'action du gouvernement conservateur, a indiqué à l'AFP une source travailliste ayant requis l'anonymat.
Le leader pacifiste du Labour Jeremy Corbyn, bien qu'opposé aux frappes, a décidé de ne pas imposer de consigne de vote pour éviter une rébellion ouverte de ses troupes, qui peinent toujours à digérer l'intervention en Irak de 2003, sous le travailliste Tony Blair.
- 'Nous ne sommes pas en 2003' -
"Nous ne sommes pas en 2003. Nous ne devons pas utiliser les erreurs du passé comme excuse à l'indifférence et à l'inaction", a demandé mercredi David Cameron.
Mais, du côté des conservateurs non plus, l'heure n'est pas à l'unanimité. Le président conservateur du comité parlementaire de la Défense, Julian Lewis, a ainsi annoncé qu'il voterait contre les frappes, arguant que le faire par "solidarité" avec la France n'était pas suffisant et ne remplaçait pas une "stratégie réaliste".
"Je compte voter contre les frappes aériennes en l'absence de forces crédibles au sol", a-t-il dit durant le débat, jugeant l'intervention aérienne seule "inefficace et potentiellement dangereuse".
Le débat a commencé à 11H30 GMT dans une ambiance houleuse, alors que David Cameron avait taxé la veille les opposants aux frappes de "sympathisants terroristes". Plusieurs députés lui ont demandé de présenter des excuses pour ce commentaire, ce à quoi il s'est refusé.
Le soutien de l'opinion publique, fort au lendemain des attentats meurtriers du 13 novembre à Paris, est en recul: d'après un sondage de l'institut YouGov, publié mercredi dans le Times, 48% des sondés soutiennent une intervention en Syrie, contre 59% la semaine dernière.
Jeremy Corbyn a d'ailleurs accusé le gouvernement de précipiter le vote avant que l'opinion publique ne se retourne complètement.
"Étendre les frappes aériennes britanniques ne va probablement pas faire de différence", a-t-il estimé, mettant en doute leur légalité et craignant qu'elles provoquent surtout des pertes civiles.
"L'affirmation selon laquelle la supériorité des missiles britanniques fera la différence est difficile à croire quand les États-Unis et d'autres États luttent pour trouver des cibles appropriées", a-t-il pointé alors que David Cameron a mis en avant l'utilisation de missiles Brimstone.
La Grande-Bretagne dispose déjà de 8 Tornados GR4 basés à Chypre et d'un nombre indéfini de drones qui participent à des frappes en Irak depuis l'an dernier. D'autres avions pourraient être mobilisés dans les prochains jours si le pays s'engage dans des frappes en Syrie.
- Importance symbolique -
Aux yeux du général Ben Barry, de l'Institut international d'études stratégiques (IISS), "une participation aux frappes sera importante symboliquement, utile opérationnellement, mais elle ne changera pas le cours de la guerre".
Pour Malcolm Chalmers, directeur de recherche à l'institut RUSI, le Royaume-Uni, déjà engagé dans la guerre en Syrie via le renseignement et le ravitaillement en carburant des avions de ses alliés, veut regagner des points perdus vis-à-vis de ses alliés lorsqu'il a drastiquement coupé son budget défense, voté contre des frappes en Syrie fin août 2013 (à l'époque contre le régime de Bachar al-Assad), et s'est enlisé dans le débat sur l'indépendance de l'Écosse.
"Tout cela a donné l'impression que le pays préférait se replier sur lui-même", souligne-t-il. "La volonté de se déployer va calmer les craintes qu'il n'est pas un partenaire fiable".
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