La couche de smog gris qui enveloppe Cracovie, l'ancienne capitale de la Pologne, symbolise la dépendance du pays au charbon, une addiction qui tue et qui risque aussi de coûter cher à l'économie.
"Un peu plus de 47.000 Polonais meurent prématurément chaque année, selon des estimations, à cause du smog venant surtout du charbon de mauvaise qualité brûlé dans de vieux poêles pour se chauffer", dit à l'AFP Andrzej Gula, chef du groupe Alerte Smog, citant une étude de l'Agence européenne pour l'environnement (AEE) publiée lundi.
Quelque 70% des ménages polonais se chauffent au charbon et presque toute l'électricité provient de centrales obsolètes, ce qui fait respirer la plupart des 38 millions de Polonais un air parmi les plus pollués de l'UE.
Les responsables politiques en sont conscients. Le nouveau président conservateur Andrzej Duda vient d'approuver une loi anti-smog autorisant les municipalités à bannir le chauffage individuel au charbon.
Reste que la Première ministre Beata Szydlo, fille de mineur, a promis de garder le charbon comme "principale source d'énergie pour garantir la sécurité énergétique" et la croissance économique.
- Experts sceptiques -
Cette position laisse les experts sceptiques, qui pensent que la dépendance au charbon de la Pologne, héritage de l'époque communiste, risque de gêner la belle croissance que le pays affiche depuis 25 ans.
Les bas prix du charbon sur le marché mondial poussent les mines polonaises à la faillite et menacent quelque 100.000 emplois lourdement subventionnés et défendus par des politiciens.
Entre 1990 et 2012, les mines ont absorbé 16 milliards d'euros de subventions, selon WISE, un think tank basé à Varsovie.
Selon Grzegorz Wisniewski, de l'Institut pour les énergies renouvelables, une énergie verte moins chère sur le réseau européen pourrait bientôt chasser du marché les vieilles centrales à charbon polonaises, héritées de l'époque communiste. L'objectif de l'UE, rappelle-t-il, est d'atteindre 20% de l'énergie venant de sources renouvelables en 2020.
"Pour se développer après 2020, poursuit M. Wisniewski, la Pologne devra importer de l'électricité bon marché de sources renouvelables branchées ailleurs sur le réseau européen".
Son institut a élaboré un modèle montrant que la Pologne "pourra atteindre 28% de son énergie venant de sources renouvelables à l'horizon 2030".
Le modèle fait appel au solaire et à l'éolien pour "réduire les émissions de CO2 de 40% par rapport au niveau de 1990, sans que cela coûte cher par rapport au scénario fondé sur le charbon".
Comme tous les pays, la Pologne doit réduire ses émissions de gaz à effet de serre, qui représentent aujourd'hui 1% des rejets à l'échelle du monde.
Les investisseurs intéressés par les énergies vertes estiment que les lenteurs dans l'entrée en vigueur de la loi sur les énergies renouvelables freinent leur développement.
Selon les accords européens, la Pologne doit atteindre en 2020 le niveau de 15% d'énergie de sources renouvelables dans l'ensemble de sa consommation.
- Initiatives vertes -
Alors que le gouvernement défend le charbon, les autorités locales soutiennent des initiatives vertes.
A 30 kilomètres au nord de Cracovie, la petite ville de Golcza se tourne vers le soleil pour chasser le smog et faire des économies.
Il y a deux ans, son maire Leslaw Blacha a obtenu 370.000 euros de subventions de l'UE pour payer 90% d'une opération qui a permis d'équiper 20% des 1.600 maisons de Golcza de panneaux solaires.
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