Les débats ont été serrés mais le style "intense" de la romancière Delphine de Vigan dans "D'après une histoire vraie" (éd. JC Lattès), ?uvre subtile sur la création littéraire, a finalement emporté l'adhésion des lycéens qui lui ont décerné leur 28e prix Goncourt, mardi à Rennes.
"Je sais quelle importance et quelle valeur a ce prix" attribué par de jeunes lecteurs, "je suis très émue et très contente", a réagi l'auteure, déjà lauréate du prix Renaudot 2015 pour ce même roman, jointe au téléphone par le président du jury qui lui a annoncé la bonne nouvelle.
Les jeunes lecteurs ont salué, dans cette ?uvre, la "réflexion sur la frontière entre la fiction et la réalité, une réflexion sur la place que ces notions occupent dans notre vie", a expliqué le président du jury, Corto Courtois, élève de terminale au Mans. "C'est une réflexion qui est sublimée par un style intense (?) ça permet une habile manipulation du lecteur qui est tour à tour guidé puis abandonné. L'intelligence de ce roman en a fait notre lauréat", a-t-il ajouté.
"D'après une histoire vraie", un des plus gros succès de la rentrée littéraire, met habilement en scène les relations entre une romancière à succès mais en panne d'inspiration et "L." qui signe dans l'ombre des ?uvres de célébrités.
Au-delà du style et de la réflexion proposée, les lycéens confient aussi avoir été séduits par "les personnages fascinants" du roman et son intrigue "qui nous suspend tout au long du livre, jusqu'au dernier mot, jusqu'à la dernière ponctuation", s'enthousiasme Elea Sizaire, en classe de seconde à Savigny-sur-Orge (Essonne), "aujourd'hui encore troublée par ce livre".
- 'Aventure humaine' -
Delphine de Vigan a emporté le prix au deuxième tour, devançant Tobie Nathan, auteur de "Ce pays qui te ressemble" (Stock), au terme de débats très animés, selon des membres du jury, composé de treize lycéens.
"On avait des opinions parfois différentes mais on arrivait à se convaincre l'un et l'autre, à rebondir, ça a été incroyable", témoigne Elea. Une véritable "aventure humaine", selon Corto Courtois pour qui, après les attentats de Paris, "on avait tous besoin de débattre, de partager". "Prendre le temps du débat, c'est ce qui fait de nous de véritables hommes, il faut continuer à le faire, ne pas céder à la peur qu'on voudrait nous donner", ajoute-t-il.
Initialement prévue le 17 novembre, quatre jours après les attentats meurtriers de Paris, la proclamation du prix Goncourt des lycéens avait été reportée de deux semaines.
Au total, quelque 2.000 élèves de 53 lycées, issus de classes de seconde, première ou terminale, généralistes ou professionnelles, ont eu deux mois pour accomplir leur marathon littéraire : lire 14 romans sélectionnés par l'Académie Goncourt qui a, elle, décerné son prix à Mathias Énard pour "Boussole" (Actes Sud), le 3 novembre.
"On s'est tous un peu décomposés quand on a appris qu'il y avait 14 romans à lire en deux mois. Mais, au final, ça se fait assez facilement, en tous cas pour ma part", a relevé Corto Courtois.
Les cinq autres auteurs en lice pour la sélection finale étaient Christine Angot ("Un amour impossible", Flammarion), Isabelle Autissier ("Soudain, seuls", Stock), Olivier Bleys ("Discours d'un arbre sur la fragilité des hommes", Albin Michel), Alain Mabanckou ("Petit Piment", Seuil) et Thomas B. Reverdy ("Il était une ville", Flammarion).
En 2014, le Goncourt des lycéens, une manifestation organisée conjointement par la Fnac et le ministère de l'Éducation nationale, avait couronné David Foenkinos pour "Charlotte" (Gallimard) consacré à Charlotte Salomon, une artiste peintre juive allemande assassinée à Auschwitz.
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