Elu président du Burkina Faso dès le premier tour, Roch Marc Christian Kaboré, dont la victoire a été reconnue par ses principaux adversaires, doit désormais mener sur la voie de la démocratie et du développement un pays à l'histoire marquée par des coups d'Etat.
Le nouveau président, élu pour un mandat de 5 ans renouvelable une seule fois, doit toutefois attendre le résultat des législatives, un scrutin à un tour à la proportionnelle par circonscription, pour savoir quelle sera sa marge de manoeuvre.
La composition de l'Assemblée nationale sera déterminante, notamment le poids du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), l'ancien parti du président déchu Blaise Compaoré, chassé par la rue il y a un an. M. Compaoré est actuellement en exil en Côte d'Ivoire voisine.
Le CDP, qui n'avait pas présenté de candidats à la présidentielle en raison d'une loi interdisant les pro-Compaoré ayant soutenu une réforme devant permettre au président déchu de briguer un nouveau mandat, a toutefois fait campagne pour les législatives. Bien implanté dans les campagnes, il pourrait réaliser un bon score.
Crédité de 53,49% des suffrages contre près de 30% à son principal adversaire Zéphirin Diabré, M. Kaboré a invité les burkinabè, dès l'annonce de sa victoire, à se "mettre au travail immédiatement".
"C'est tous ensemble que nous devons servir le pays", a affirmé l'ancien baron du système passé dans l'opposition dix mois avant la chute de l'ancien régime.
Le président français François Hollande, depuis Paris, s'est dit "très heureux que les élections se soient passées de manière transparente, démocratique et que les résultats ne souffrent aucune contestation".
A Ouagadougou, l'activité était normale mardi matin: magasins, vendeurs, et industries fonctionnant normalement. Quelques supporteurs arboraient des maillots orange, aux couleurs du parti du vainqueur.
"Kaboré était avec Compaoré mais il a quitté quand il a compris qu'il fallait changer parce que cela allait mal. Il a l'expérience. Cela va bien se passer", a assuré à l'AFP Abraham Thiombiano, gardien.
"Kaboré va être le président du changement. Il va bien faire son travail mais le plus important c'est la paix", affirmait Pierre Congo, un commerçant se présentant comme un électeur de "Roch".
- 'Pas le pouvoir mais l'espoir' -
"Je n'ai pas le pouvoir mais l'espoir", plaisantait Médard Nébié, serveur qui a voté pour Zéphirin Diabré. Il assure: "respecter la décision des Burkinabè".
"L'élection a été parfaite. Il n'y a pas eu de problème. Donc, il (Kaboré) mérite de gagner. Maintenant on attend le travail", a-t-il poursuivi.
Son candidat a reconnu sa défaite avant même l'annonce de la Commission électorale lundi se rendant en personne au siège du parti de Kaboré pour lui présenter ses félicitations.
Membre du Balai citoyen, une des organisations de la société civile qui avait été en pointe lors des journées d'insurrection d'octobre 2014, AbdulKader Zerbo, 24 ans, conducteur d'engins souligne lui: "Ça été transparent et propre. C'est pas parce qu'il a été important sous Blaise (Compaoré) qu'il ne peut pas bien travailler ou faire le changement".
Cette élection clôt la période d'un an de Transition ouverte à l'issue de la chute du régime de Compaoré, qui avait été suivie par toute l'Afrique et citée comme un exemple de démocratie.
Initialement prévues le 11 octobre, ces élections avaient été reportées en raison du putsch raté le 17 septembre de l'ancien bras droit de M. Compaoré, le général Gilbert Diendéré. Cette tentative de coup d'Etat, dans un pays qui en a connu beaucoup, avait été mise en échec au bout d'une semaine par la mobilisation de la population et de l'armée loyaliste.
Quatorze candidats dont deux femmes étaient en lice.
M. Kaboré, ancien banquier au physique imposant, est resté avec M. Compaoré pendant 26 ans, occupant les prestigieux postes de Premier ministre et de président de l'Assemblée nationale. Il a aussi été patron du CDP avant de tomber en disgrâce et de quitter le parti 10 mois avant la chute du régime.
Le nouveau président promet de s'attaquer au chômage des jeunes, endémique dans ce pays pauvre de 18 millions d'habitant, de moderniser le système de santé promettant notamment la gratuité des soins pour les moins de 6 ans, et de mettre l'accent sur l'éducation.
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