Après l'élan donné par un sommet exceptionnel des chefs d'Etat, les délégations de 195 pays ont entamé mardi des discussions marathon à la conférence mondiale de Paris sur le climat, en vue d'un accord pour limiter le réchauffement, loin d'être acquis.
L'Afrique, qui fait l'objet d'un mini-sommet d'une douzaine de chefs d'Etat africains avec le président français François Hollande sur le thème "Défi climatique et solutions africaines" sera un des temps forts de la journée.
"Je voudrais vous inciter à avancer sur le fond, la substance, de façon à respecter le mandat extrêmement fort donné par la diversité des chefs d'Etat et de gouvernement" lundi, a lancé le président de la conférence, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, en donnant le coup d'envoi des travaux de la COP21.
Il a appelé les délégués à "ne ménager aucun effort" pour faire avancer les négociations qui n'ont guère progressé ces derniers mois.
Environ 150 chefs d'Etat avaient donné lundi une impulsion politique aux discussions, lançant des appels unanimes à sauver la planète.
"Cela va être difficile (). Le projet d'accord est long et a beaucoup d'options. A quelle vitesse les négociations vont-elles avancer?", s'interroge un délégué européen. Une allusion à des débats ayant une fâcheuse tendance à s'embourber, comme l'ont montré les rounds de préparation de la conférence tout au long de 2015.
"Tout est ouvert, tout est possible, le pire comme le meilleur", a estimé lundi soir Célia Gautier, experte en politiques climatiques auprès du Climate action network (900 ONG).
- "Etat d'urgence climatique" -
"Les discours ont créé une dynamique intéressante, mais il va falloir beaucoup de travail pour parvenir à un accord à la hauteur des enjeux", a-t-elle ajouté.
Lundi, les chefs d'Etat réunis au Bourget ont multiplié les appels à agir contre le réchauffement planétaire, de l'Américain Barack Obama au Chinois Xi Jinping en passant par l'Indien Narendra Modi. Signe d'une prise de conscience sans précédent: jamais autant de dirigeants mondiaux n'avaient participé à une conférence sur le climat.
"Il s'agit de décider ici, à Paris, de l'avenir même de la planète", a lancé François Hollande.
Les ONG ont salué l'impulsion politique donnée par les leaders du monde entier mais attendent de voir "comment cela se traduira dans les négociations".
Sur la table, un texte d'une cinquantaine de pages, divisé en grands chapitres: objectif de long terme de réduction des émissions de gaz à effet de serre, adaptation au changement climatique, financements des politiques climatiques des pays du Sud, mécanisme pour réviser régulièrement à la hausse les engagements des pays, etc.
Objectif de ces deux semaines: élaborer le premier accord engageant l'ensemble de la communauté internationale à réduire ses émissions de gaz à effet de serre, afin de limiter le réchauffement de la planète à +2 degrés par rapport à l'ère pré-industrielle.
Mais les engagements déjà publiés par 183 pays, sur les 195 réprésentés, placent encore le monde sur une trajectoire de +3 degrés.
Selon le niveau de dépendance aux énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz), le stade de développement et les ressources des pays, les positions des négociateurs sont parfois très éloignées.
Les Etats insulaires, déjà en "état d'urgence climatique" face à la montée des eaux, exigent des mesures fortes et rapides. Les pays pétroliers, comme les monarchies du Golfe, ou charbonniers, comme l'Australie, sont en revanche réticents à engager une transition contraire à leurs intérêts.
Acteur clé de la négociation, l'Inde, qui doit combattre la pauvreté et où 300 millions de personnes sont toujours privées d'électricité, mise aussi beaucoup sur le charbon, la plus polluante des énergies.
"Nous n'aurons pas un accord parfait", a prévenu lundi Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unies, six ans après l'échec de la conférence de Copenhague. Il a appelé les négociateurs à "faire preuve de flexibilité et de sens du compromis".
L'accord espéré le 11 décembre à Paris doit permettre au monde d'amorcer un virage historique pour se détourner des ressources fossiles, qui fournissent aujourd'hui une large part de l'énergie mondiale mais sont à l'origine du réchauffement inédit de la planète.
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