"Laisser des preuves photographiques dans la nature" pourrait servir "d'outil d'incitation (à la violence) ou de propagande. Ce n'est pas dans notre genre. Nous n'arborons pas ce genre de choses comme des trophées", a déclaré M. Obama, cité par son porte-parole Jay Carney.
La Maison Blanche réfléchissait, depuis l'élimination dimanche de l'homme le plus recherché du monde, à l'opportunité de publier ou non ces photos qualifiées "d'atroces".
"Il n'y a aucun doute sur le fait que Ben Laden est mort. Il n'y a certainement pas de doutes parmi les membres d'Al-Qaïda sur sa mort. Et nous ne pensons pas qu'une photographie en soi fasse quelque différence que ce soit", a estimé le président américain. "Ce n'est pas dans nos intérêts pour la sécurité nationale de permettre (la publication) de ces images, pour qu'elles deviennent comme dans le passé des icônes servant à mobiliser contre les Etats-Unis", a observé M. Carney devant la presse.
L'administration Obama a montré les photos en question à des élus du Congrès.
"Elles ressemblent à ce que vous pourriez attendre de quelqu'un qui a reçu une balle dans la tête. Ce n'est pas beau à voir", a commenté le sénateur Saxby Chamblis, principal membre républicain de la commission du Renseignement du Sénat. M. Chamblis, ainsi que deux de ses collègues sont cependant revenus mercredi sur leurs affirmations, le cliché ayant circulé parmi eux étant manifestement un faux.
Interrogée pour savoir si Saxby Chambliss, qui est également membre de la commission de la Défense, avait vu une photo authentique, sa porte-parole Bronwyn Lance-Chester a ainsi déclaré à l'AFP: "Il a été très clair à ce propos: il n'a pas vu la photo officielle".
Deux autres membres de la commission de la Défense, les républicains Kelly Ayotte et Scott Brown, qui avaient également affirmé avoir vu des photos du cadavre de Ben Laden, ont finalement mis en doute leur authenticité.
Plus de 48 heures après l'élimination de l'instigateur des attentats du 11 Septembre par 79 hommes des forces spéciales américaines, les Etats-Unis cherchaient à faire "parler" des dizaines de disques durs, ordinateurs et clés USB saisis dans sa résidence.
Avant de quitter Abbottabad, le commando américain a en effet pris soin d'emporter tout ce qui pouvait constituer une source de renseignements. La quantité est "impressionnante", a reconnu le directeur de la CIA, Leon Panetta.
Il s'agit surtout de "détecter les menaces en cours" et d'atteindre "d'autres cibles de grande importance au sein d'Al-Qaïda" comme le n°2 du réseau, Ayman al-Zawahiri, selon Michael Leiter, qui dirige le Centre national antiterroriste américain.
Le ministre de la Justice, Eric Holder, a estimé qu'il y aurait "probablement" des noms ajoutés sur la liste antiterroriste établie par les Etats-Unis.
Certains renseignements pourraient s'avérer gênants pour le Pakistan, soupçonné d'avoir fermé les yeux sur la cavale de Ben Laden. Islamabad a rejeté de nouveau mercredi ces soupçons.
Sommé de s'expliquer sur la présence depuis plusieurs mois, voire plusieurs années, d'Oussama ben Laden près d'une école militaire, le Premier ministre pakistanais Yousuf Raza Gilani a estimé que cela témoignait de "l'échec du renseignement dans le monde", y compris aux Etats-Unis, et pas seulement au Pakistan.
"Nous sommes au beau milieu d'une guerre, nous combattons dans une guerre contre le terrorisme et nous avons la volonté de lutter contre l'extrémisme et le terrorisme", a assuré M. Gilani en visite à Paris.
La CIA avait décidé de faire cavalier seul dans le dernier acte de la traque de Ben Laden par crainte que les Pakistanais n'alertent le chef d'Al-Qaïda.
Mardi, les autorités pakistanaises avaient dénoncé le fait que les Américains aient mené unilatéralement, sans consultation préalable, l'opération commando sur leur sol.
Les Etats-Unis s'efforçaient de désamorcer une polémique sur la mort de Ben Laden après avoir révélé mardi que le chef d'Al-Qaïda n'était pas armé quand il a été tué.
Eric Holder a estimé devant le Sénat que l'élimination de Ben Laden était "complètement légale et cohérente avec nos lois, nos valeurs". "Il était le chef d'Al-Qaïda, une organisation qui a mené les attentats du 11 Septembre, il a admis son implication", a rappelé le ministre. Et, a-t-il ajouté, "il avait dit qu'il ne se laisserait pas prendre vivant".
La haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Navi Pillay, a indiqué suivre attentivement les détails de l'opération américaine, ajoutant que les opérations antiterroristes devaient respecter le droit international.
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