"C'est une profanation, c'est indécent": sur la place de la République, mémorial improvisé depuis les attentats de Paris, des militants "cagoulés et masqués" n'ont pas hésité à se servir d'objets déposés en hommage aux victimes pour les jeter sur la police à la veille de la COP21.
"Cette statue, c'est la tombe des victimes des attentats", s'étrangle Bertrand Boulet, membre de l'association "17 plus jamais", qui a entretenu le mémorial de fleurs, petits mots et bougies déposés au pied de la statue après les attentats de janvier et à nouveau après ceux du 13 novembre.
Alors que de nombreux manifestants pacifistes sont encore sur la place de la République, un face-à-face tendu ponctué d'échauffourées se tient l'après-midi entre les forces de l'ordre et de "petits groupes violents", selon le préfet de police.
Encagoulés et pour certains vêtus de noir, ils jettent des projectiles et bouteilles en verre sur les CRS qui répliquent à coups de gaz lacrymogènes et de grenades assourdissantes. Une scène qui se reproduit à plusieurs reprises.
La place a été bouclée par les CRS. Des pots de fleurs, des bris de verre et des bougies, qui ornaient la statue de la République, jonchent le sol au pied des forces de l'ordre. Des pavés et des marteaux ont également été lancés contre les policiers, selon la préfecture de police.
Bertrand Boulet en a "mal au c?ur". "On s'échine à entretenir le monument toutes les semaines, c'est le monument de tous les Français", déplore-t-il.
Des incidents "indignes", a dénoncé le président François Hollande, tout comme le Premier ministre Manuel Valls ou encore le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. En début de soirée, 208 personnes avaient été interpellées, dont 174 placées en garde à vue.
- "Choisis ton camp" -
Pour éviter les dégâts et empêcher les plus virulents de se servir, des manifestants pacifiques ont formé une chaîne humaine autour de la statue. Drapeaux arc-en-ciel à la main, certains demandent aux groupes violents de cesser de jeter des projectiles.
"Choisis ton camp", répond, hargneux, un manifestant. "Toi tu manifestes comme t'en as envie, moi je manifeste comme ça", rétorque un autre, hué alors qu'il cassait une poubelle.
Serena, 18 ans, elle, cherche désespérément près de la statue la bougie "marron à paillettes" déposée il y a quelques jours pour une amie qui a perdu un proche lors des attentats. "C'est désolant, c'est censé être un lieu de recueillement".
"De quel droit peut-on ainsi cracher sur les morts, cracher sur leur mémoire ?", dit Laurène, une manifestante de 19 ans. "Cette semaine, j'ai vu un père venu exprès des États-Unis pour déposer une bougie pour sa fille tuée au Bataclan", raconte cette étudiante.
Sac poubelle à la main, Nouria, qui vient trois fois par semaine nettoyer le mémorial, répare déjà les dégâts en remplaçant les fleurs et les bougies disparues ou brisées.
"Ces gens n'ont aucun respect pour les morts", déplore cette quinquagénaire, qui a "essayé de les en empêcher", en vain.
Peu avant 20H00, les policiers laissent sortir les derniers manifestants qu'ils encerclaient. Par petits groupes, après palpations et fouilles. "Je suis venu vers midi et quand il y a eu des incidents, ils nous ont +enfermés+ contre le bâtiment", explique à l'AFP un jeune homme de 22 ans, qui comme beaucoup dit n'avoir rien à voir avec les "gens violents".
"On était pacifiques, on était venus pour une manifestation internationale!", s'indigne un autre.
La place a été rouverte par la suite à la circulation.
Les débordements en marge de sommets internationaux sur le climat sont peu fréquents, contrairement à d'autres rencontres internationales comme les G8 ou réunions de l'OMC. En 2009 toutefois, environ 300 manifestants membres des "Blacks Blocs" (militants issus de la mouvance anarchiste) selon la police avaient provoqué des incidents dans le centre-ville de Copenhague.
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