Le pape François s'est livré samedi à Kampala à un échange de questions-réponses à brûle-pourpoint avec des milliers de jeunes Ougandais, les appelant dans une atmosphère survoltée, à ne jamais désespérer de Dieu, qu'ils soient confrontés à la violence ou au sida.
Sous un soleil brûlant, Jorge Bergoglio, assis sous un dais, écoute le témoignage très émouvant d'un ancien séminariste, Emmanuel Odokonyero, qui avait été capturé par la terrible rébellion de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA) et avait vu ses amis tués et torturés, avant de s'échapper.
Puis une jeune femme, Winnie Nansumba, née avec le sida de parents malades, explique comment la foi l'a aidée à s'intégrer dans la société.
"Winnie a transformé sa dépression en espoir. Emmanuel a eu le courage, la confiance en Dieu, a pris un risque et pu s'échapper", a lancé le pape argentin, partant de ces deux témoignages pour encourager les Ougandais dans leurs difficultés.
"Etes-vous prêts à transformer la haine en amour, à transformer la guerre en paix? () Priez-vous tous? Je n'ai pas bien entendu? Priez-vous bien tous?
"Pensez-vous que Jésus aime chacun? Etes-vous prêts à lutter, à demander à Jésus de vous aider dans cette lutte? () Priez-vous votre Mère, Marie?", martèle-t-il, dans une harangue amicale qui n'avait rien à envier à celle de certains prêcheurs évangélistes.
L'enthousiasme entoure cette rencontre au Kololo Airstrip, une piste d'aviation transformée en parc, bien plus encore que celles au Kenya, la précédente étape de sa tournée africaine.
Des dizaines de milliers de jeunes Ougandais ont attendu longtemps dans la chaleur ce pape venu de loin, un peu comme s'il était Jésus descendant sur terre.
"Pape, nous t'aimons", scande la foule, au milieu des chants. De nombreux parents sont venus avec des bébés dans les bras. L'attente, l'espoir se lisent dans de nombreux regards.
- "Voir le vicaire du Christ" -
Les fidèles du Chemin néocatéchuménal, un mouvement d'Eglise très fervent, sont parmi les plus enthousiastes et les plus bruyants à chauffer l'atmosphère, sous une forêt de petits fanions du Vatican et de l'Ouganda.
Avant la rencontre, Maurice, 27 ans, originaire du sud de l'Ouganda, près de la frontière avec le Rwanda, s'était dit "pressé de voir le vicaire du Christ".
"Je veux entendre de lui un message pro-life", confie-t-il à l'AFP. "Nous, Ougandais, sommes contre l'avortement et l'homosexualité. Parce que l'homosexualité ne mène pas à la vie, parce que nous sommes faits homme et femme."
Plusieurs autres personnes interrogées ont entendu le discours fort du pape à Nairobi contre la corruption, et espèrent qu'il la dénoncera également en Ouganda, où elle sévit tout autant.
"Il devrait faire comprendre à nos dirigeants que nous, Africains, nous sommes à la traîne à cause de la corruption qui règne sur le continent", ajoute Maurice.
Soudain, les clignotants rouges des voitures et motos de la police annoncent l'arrivée imminente de la papamobile découverte du pape. Des centaines de jeunes se mettent à courir d'un côté de l'autre pour tenter d'aller à sa rencontre, sans savoir quelle route il va prendre.
Les forces de police sont sur les dents, les gardes du corps courent autour de la papamobile. Celle-ci s'arrête ça et là. Les jeunes Ougandais crient, acclament, battent des mains pour ce pape des "périphéries", des pays qu'il préfère pour ses visites aux grandes puissances.
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