Les propos de plus en plus extrémistes du milliardaire américain Donald Trump, en tête de la course à l'investiture présidentielle du parti républicain, inquiètent une partie du monde conservateur qui improvise une riposte pour l'empêcher de gagner les primaires.
Les controverses initiées par Donald Trump se suivent avec une régularité remarquable, la dernière en date étant l'affirmation que des musulmans de la région de New York avaient célébré l'effondrement des tours jumelles du World Trade Center le 11 septembre 2001, une rumeur à l'époque rapidement dégonflée.
Ses déclarations sont devenues si virulentes que des personnalités s'interrogent ouvertement au sein du parti républicain sur l'attachement réel du candidat aux valeurs démocratiques. Encore cette semaine, Donald Trump a semblé se moquer du handicap physique d'un journaliste, en plein meeting.
Des dirigeants s'inquiètent que l'investiture d'un populiste aussi imprévisible puisse ruiner les chances du parti à la présidentielle contre les démocrates, où la très expérimentée Hillary Clinton est en tête des sondages.
"Trump est un fasciste. Et ce n'est pas un terme que j'emploie facilement ou souvent. Mais il le mérite", a écrit sur Twitter Max Boot, un expert en histoire militaire qui conseille un autre candidat aux primaires républicaines, le sénateur Marco Rubio.
La provocation de trop, pour beaucoup, a été le soutien de Donald Trump à l'idée de forcer les musulmans présents aux Etats-Unis à se déclarer officiellement, afin que les autorités fédérales puissent les enregistrer dans une base de données spécifique.
"L'enregistrement fédéral obligatoire de citoyens américains sur la base d'une identité religieuse est du fascisme, point final", a déclaré John Noonan, conseiller de Jeb Bush, autre prétendant à l'investiture républicaine.
Le New York Times a dénoncé "les mensonges racistes de Donald Trump". Le Seattle Times a employé des termes tout aussi durs pour condamner ses dérives: "Le message de campagne de Trump reflète une sorte de fascisme insidieux" et "il faut le rejeter".
Les coups des candidats, jusqu'à présent, n'ont pas atteint le magnat de l'immobilier. Mais Jeb Bush, qui se veut l'anti-Trump, sérieux et expérimenté, dénonce de plus en plus vigoureusement les méthodes de son rival. Mercredi, il a déploré "l'univers parallèle" créé par Donald Trump.
- "Vaincre et détruire" Trump -
Beaucoup de républicains, notamment le gouverneur du New Jersey Chris Christie, veulent croire que les attentats de Paris changeront la donne et précipiteront la chute du milliardaire, au profit d'hommes qui gèrent ou ont géré des gouvernements locaux et des crises.
Mais cette logique, poussée par l'establishment, échappe aux électeurs, à en juger par les sondages - comme lors des innombrables polémiques qui ont émaillé la campagne depuis l'été. Toutes les enquêtes d'opinion réalisées depuis les attentats du 13 novembre montrent que l'avance de Donald Trump est consolidée, voire renforcée. Plus d'un républicain sur quatre le soutient, à un peu plus de deux mois du début des primaires en février 2016.
"Ils disent que Trump peut presque tout faire. Personne ne m'abandonne", s'est félicité l'intéressé mardi lors d'un meeting en Caroline du Sud (ouest). Il sera à nouveau en meeting samedi en Floride (ouest).
La riposte républicaine anti-Trump pourrait s'intensifier avec une nouvelle offensive publicitaire télévisée, financée par des groupes conservateurs, notamment Club for Growth.
Une nouvelle société, Trump Card LLC, vient de voir le jour à cet effet, dirigée par la républicaine Liz Mair. L'objectif: "vaincre et détruire" Donald Trump, selon un mémo que s'est procuré le Wall Street Journal.
Des candidats ne mâchent plus leurs mots, comme le gouverneur de l'Ohio John Kasich, loin derrière Trump dans les intentions de vote des républicains.
Une vidéo publiée par son équipe sur internet met en scène un ancien prisonnier de guerre au Vietnam paraphrasant l'ancien pasteur allemand Martin Niemoller, illustre opposant du régime nazi. "Cela ne vous fait peut-être rien que Donald Trump dise que les musulmans doivent se déclarer auprès de leur gouvernement, car vous n'en êtes pas un", dit le colonel à la retraite. "Cela ne vous fait peut-être rien que Donald Trump dise qu'il va rafler tous les immigrés hispaniques, car vous n'en êtes pas un". "Mais pensez à ça: s'il continue et qu'il est vraiment élu président, il s'en prendra peut-être à vous. Vous feriez mieux d'espérer qu'il restera alors quelqu'un pour vous aider".
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