Accueilli avec ferveur en Ouganda, le pape François rencontre samedi une Eglise vivante, sous le symbole unificateur des "martyrs de l'Ouganda", jeunes chrétiens catholiques et anglicans martyrisés au XIXe siècle, très respectés dans le pays.
Dans cette société catholique à 47%, une grande messe sera célébrée sur le site de Namugongo, à 13 km de Kampala, où des chrétiens, jeunes pages de la cour du roi Buganda Mwanga - catholiques comme anglicans - ont été brûlés vifs en 1886 pour avoir reçu le baptême et refusé de devenir les esclaves sexuels du souverain.
Des centaines de milliers d'Ougandais sont attendus.
Le pape s'arrêtera dans un geste oecuménique au sanctuaire anglican, adjacent au sanctuaire catholique.
Cette histoire des martyrs est fondatrice de l'unité de la jeune et fragile nation ougandaise, qui a vécu beaucoup de périodes sombres (dictatures, conflits, massacres) dont elle ne s'est pas remise et qui a un grand besoin de réconciliation, selon les experts de l'Eglise.
Pour cette raison aussi, le pape Paul VI avait effectué dès 1969 la première visite d'un pontife sur le continent africain, pour canoniser ces martyrs catholiques, dont le plus connu est Saint Charles Lwanga.
Le pape François a parlé plusieurs fois, notamment à propos de la Syrie ou de l'Afrique, de "l'?cuménisme du sang": le fait que des chrétiens de différentes confessions se trouvent réunis dans un martyre commun, victimes de groupes - notamment jihadistes - qui ne font pas de distinction entre eux.
Il souligne très souvent qu'il y a aujourd'hui plus de martyrs chrétiens inconnus qu'aux autres époques et il accorde une grande importance à cette thématique, le martyre renforçant selon lui l'Eglise tout entière, en renforçant la force de son témoignage.
Dans l'après-midi, il se rendra à la Kololo Air Strip, une piste d'aviation, pour rencontrer les jeunes Ougandais, comme il l'avait fait avec les jeunes Kényans au stade de football de Nairobi.
Les thèmes de la réconciliation et du martyre devraient être aussi présents lors de cette rencontre, où le pape devrait écouter les témoignages d'un ancien enfant-soldat de la sanguinaire rébellion de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA) et d'une femme victime du sida.
Puis, lors de cette journée très chargée, le pape devrait se rendre à la maison de charité de Nalukolongo, où il rencontrera des pauvres de toutes religions et de tous âges.
La chapelle de cette maison d'accueil a été construite à la mémoire des martyrs de l'Ouganda. Elle est une des nombreuses institutions de l'Eglise présente sur le terrain caritatif, éducatif et médical.
- Le cancer de la corruption -
Après une rencontre avec les évêques à l'archevêché de Kampala, il s'adressera aux prêtres, religieux, religieuses et séminaristes à la cathédrale.
Plusieurs thèmes sont brûlants lors de cette visite, comme la corruption, véritable cancer dans la société, comme au Kenya.
Autres sujets sensibles, une nouvelle loi doit restreindre les activités des ONG, et la criminalisation de l'homosexualité par l'Ouganda est critiquée dans le monde entier, une association gay ayant même souhaité être reçue par le pape lors de sa visite.
Enfin la main de fer du président Yoweri Museveni, président du pays depuis 1986, sur le pays, n'est pas du goût de tous les catholiques.
Samedi est une journée au pas de course pour le pape argentin de 78 ans, qui entreprendra dimanche la troisième et dernière partie de son voyage africain, et aussi la plus risquée, en se rendant à Bangui, la capitale centrafricaine, secouée par des violences interreligieuses.
Le pape tient à porter en Centrafrique, où s'affrontent depuis fin 2013 des milices Séléka, à majorité musulmane, et anti-balaka, à dominante chrétienne, un message de paix et de réconciliation interreligieuse.
Le porte-parole du Saint-Siège, le père Federico Lombardin, a souligné vendredi soir que malgré les tensions sécuritaires, l'étape de Bangui n'était nullement remise en cause.
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