Marion Maréchal-Le Pen, candidate FN à la tête de la région Paca, s'est attiré des critiques unanimes, jusque dans son propre parti, en s'attaquant aux subventions du planning familial, que cette proche des catholiques traditionalistes accuse de "banaliser" l'avortement.
Seule parmi les principales têtes de liste en Paca à avoir pris part à une réunion publique de La Manif pour tous à Marseille, Mme Maréchal-Le Pen y a déclaré vouloir "supprimer les subventions aux associations politisées, dont les plannings familiaux", qui selon elle "véhiculent une banalisation de l'avortement".
Ces déclarations, devant des militants du mouvement opposé au mariage homosexuel, quelques heures à peine avant les attentats du 13 novembre, étaient passées inaperçues jusqu'à la fin de la semaine, lorsque les associations de défense des droits des homosexuels, notamment, ont protesté.
La candidate de 26 ans a tenu vendredi soir à apporter une "clarification", soutenant que ses déclarations n'avaient "rien à avoir avec la question () de l'accès aux contraceptifs ou à l'avortement".
Les plannings familiaux sont "déjà largement et grassement subventionnées" et "l'interruption de ces subventions de fait ne remettra pas en cause leur existence", a-t-elle avancé.
Ses adversaires politiques se sont emparés du sujet dans l'une des deux régions que le FN espère emporter, avec le Nord-Pas-de-Calais-Picardie.
Selon le dernier sondage publié dimanche (Ipsos/Sopra Steria), le FN remporterait les élections dans la région avec 40% des voix au premier tour et 41% au second devant la liste Les Républicains-UDI-MoDem (30% au 1er tour, 34% au second) et la gauche (25% au second tour).
- "Les femmes, cible du FN" -
"La tante parle d'avortement de confort, la nièce attaque le planning familial. Les femmes sont décidément la cible du FN", a réagi auprès de l'AFP, la ministre de la Santé Marisol Touraine.
Peinant à imposer des thèmes de campagne autres que la sécurité ou l'immigration développés par la droite et l'extrême-droite, le candidat socialiste Christophe Castaner en a profité pour promettre de développer encore le planning familial.
Celui-ci, au-delà du combat pour l'avortement, ?uvre à l'éducation à la sexualité, combat les violences conjugales et sexuelles ou lutte pour l'égalité entre homosexuels et hétérosexuels.
Au FN, "la soupape lâche, et le naturel revient au galop", a raillé le candidat socialiste. Le planning familial reçoit 200.000 euros par an de la région, selon son équipe.
Du côté de Christian Estrosi, issu de l'aile droite des Républicains et souvent accusé de chercher à concurrencer le FN sur son propre terrain, c'est une porte-parole, la présidente des Jeunes Républicains Marine Brenier, qui a été dépêchée pour défendre une association dont l'histoire est indissociable de la lutte pour les droits des femmes.
"Marion Maréchal-Le Pen montre une nouvelle fois son vrai visage, celui d?une extrémiste qui bafoue tous les droits pour lesquels les femmes se sont battues", affirme-t-elle: "ses propositions la placent dans le même camp que les fanatiques qui veulent mettre à bas l?égalité et la liberté dans notre société et qui, eux aussi, visent notre jeunesse".
La ligne de Marion Maréchal-Le Pen a même fait réagir la présidente du Front National, Marine Le Pen, qui s'est pourtant déjà montrée dans le passé très critique sur le droit à l'avortement, dénonçant ce qu'elle appelle les IVG "de confort".
La suppression des aides n'est "pas dans les projets du Front national () J'ai beaucoup d'autres choses à faire, beaucoup plus importantes que ça à la tête de la région", a déclaré Marine le Pen, qui mène campagne à l'autre bout de la France, en Nord-Pas-de-Calais-Picardie.
Il y a-t-il deux lignes au FN ? "Non. Il y a une proposition qui est celle de la tête de liste en Paca. Encore une fois, ça n'est pas dans les projets du Front national", a-t-elle assuré. Au niveau national, le parti prône "le libre choix pour les femmes () de ne pas avorter", selon son programme.
Reste que des dissensions sur les sujets sociétaux se sont déjà fait jour depuis l'accession de Marine Le Pen à la tête du mouvement. Lors des manifestations contre le mariage pour tous, son absence ainsi que celle de Florian Philippot, au contraire de nombre de cadres du parti, avait été critiquée en interne.
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