Le pape François est arrivé vendredi en Ouganda, deuxième étape de sa tournée en Afrique après le Kenya où il a dénoncé "l'injustice atroce" faites aux habitants des bidonvilles par des minorités qui concentrent le "pouvoir et la richesse".
Arrivé peu après 17H00 (14H00 GMT) à Entebbe, le souverain pontife a été accueilli par le président Yoweri Museveni, au pouvoir depuis près de 30 ans, en présence de dignitaires politiques et religieux.
De nombreux Ougandais étaient massés le long du trajet menant au palais présidentiel à Kampala, où le pape doit prononcer le premier discours de son séjour d'un jour et demi dans ce pays au passé tragique de guerres, de violences et de dictatures, particulièrement touché par le sida.
Il terminera cette journée chargée à Munyonyo, près de la capitale, où en 1886 le roi ougandais Mwanga avait condamné à mort de jeunes pages chrétiens qui avaient refusé d'adjurer leur foi et de devenir ses esclaves sexuels.
- Loi controversée -
Sa visite intervient alors que le Parlement ougandais a adopté vendredi une loi controversée sur les ONG, un texte qui selon des militants associatifs restreint sévèrement leurs activités.
Les forces de sécurité ougandaises, qui ont déjoué récemment plusieurs attentats des islamistes shebab somaliens, ont été déployées en nombre.
Comme le Kenya, l'Ouganda fournit un contingent militaire à la force de l'Union africaine en Somalie (Amisom) et reste sous la menace des shebab, liés à Al-Qaïda, qui ont revendiqué en 2010 un double attentat à la bombe ayant tué 76 personnes à Kampala.
Quelque 47% des Ougandais (soit plus de 17 millions) sont catholiques. L'Ouganda est un des pays d'Afrique où les institutions sociales de l'Eglise sont les plus actives.
Dimanche, le pape s'envolera pour Bangui, capitale de la Centrafrique, déchirée depuis 2013 par des affrontements violents entre milices chrétiennes et musulmanes. Cette dernière étape est la plus risquée de la première tournée en Afrique de son pontificat.
Dans la matinée, pour sa dernière journée à Nairobi, François s'était rendu dans l'immense bidonville pollué de Kangemi, où s'entassent plus de 100.000 personnes et où se concentrent les dégradations environnementales et humaines qu'il a dénoncées la veille devant l'ONU.
Il a condamné "l'atroce injustice de la marginalisation urbaine", attribuable aux "minorités qui concentrent le pouvoir, la richesse et gaspillent de façon égoïste".
Devant une foule qui lui a réservé un accueil ému, le pape a aussi dénoncé "de nouvelles formes de colonialisme" qui font des pays africains "les pièces d'un mécanisme () d'un engrenage gigantesque" et les forcent à "adopter des politiques de marginalisation, comme celle de la réduction de la natalité".
Des politiques visant, selon lui, à "légitimer le modèle de distribution actuel où une minorité se croit le droit de consommer dans une proportion qu?il serait impossible de généraliser".
François a fustigé "le manque d?accès aux infrastructures et aux services de base" des populations des bidonvilles, condamné "l?injuste distribution de la terre qui conduit des familles entières à payer des loyers exorbitants" et "l?accaparement de terres par des +promoteurs privés+ sans visage".
"L'hostilité que subissent les quartiers populaires s?aggrave lorsque les organisations criminelles, au service d?intérêts économiques ou politiques, utilisent des enfants et des jeunes comme +chair à canon+ pour leurs affaires entachées de sang", a-t-il poursuivi.
- 'La route de la mort' -
"La visite au bidonville de Kangemi a été pour le pape une manière d'illustrer de manière concrète les maux d'une mégalopole africaine qu'il a évoqués devant les institutions de l'ONU", a expliqué le père Federico Lombardi, porte-parole du Vatican.
François a ensuite appelé la jeunesse à résister à la corruption, au tribalisme et à la radicalisation, alors que des dizaines de milliers de jeunes Kényans lui avaient réservé un accueil festif au grand stade de Kasarani.
"Je vous invite, vous tous, à vous prendre par la main contre le tribalisme et à dire: +Nous sommes une Nation+!", a-t-il lancé, les appelant à "écouter les autres" et à "tendre la main", alors que le Kenya connaît aussi des tensions ethniques.
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