Le pape François est arrivé vendredi matin, au dernier jour de son séjour au Kenya, dans le bidonville pollué de Nairobi où se concentrent les dégradations environnementales et humaines qu'il a dénoncées jeudi devant l'ONU, avant de rejoindre sa deuxième étape africaine, l'Ouganda.
Dans la petite église bondée de Saint-Joseph Travailleur, tenue par les jésuites, tout le monde attendait le pape debout, en chantant et dansant.
Une foule nombreuse était massée le long des ruelles du quartier, même si la route menant à l'église avait été dégagée par les forces de sécurité, très présentes.
Plus de 100.000 personnes vivent dans des conditions misérables dans ce bidonville, où le pape est arrivé en papamobile découverte.
"La visite au bidonville de Kangemi sera pour le pape une manière d'illustrer de manière concrète les maux d'une mégalopole africaine qu'il a évoqués devant les institutions de l'ONU", a expliqué le père Federico Lombardi, porte-parole du Vatican. "Après avoir parlé aux institutions, il s'adressera à la population de ce bidonville et à des représentants des mouvements populaires" qui sont à ses côtés, a-t-il précisé.
Ces "mouvements populaires", chrétiens ou non, cherchent à travers le monde à organiser entre eux les plus pauvres afin qu'ils affrontent ensemble et pacifiquement leurs difficultés, plutôt que de dépendre de l'assistanat.
Le pape François s'était adressé aux mouvements populaires en 2014 au Vatican et début juillet 2015 en Bolivie, tenant des discours très critiques envers le capitalisme ultralibéral.
Le pape jésuite, qui avait déclaré après son élection en 2013 vouloir "une Eglise pauvre pour les pauvres", se reconnaît dans leur approche concrète et responsable, qui cherche à résister à la "culture du déchet" consistant à trier les êtres humains en fonction de leur utilité à la société de la consommation.
Dans un discours remarqué jeudi soir devant le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) et l'ONU-Habitat, qui ont leur siège dans la capitale kényane, Jorge Bergoglio est revenu sur les thèmes de son encyclique "Laudato si'" ("Loué sois-tu"), publiée au printemps, dans laquelle il affirme que la dégradation de l'environnement et celle de la qualité de vie sont intimement liées.
Immigration clandestine, trafics et drogue, prostitution, avortements, criminalité, pollution, chômage, maladies endémiques, tout va de pair, selon l'analyse du pape, pour qui un échec de la prochaine conférence de Paris sur le climat, qui débute lundi, serait une "catastrophe".
Pour le pape argentin, la mégalopole africaine, qui se développe sans plan urbain, est un concentré des difficultés des exclus. La paroisse de Saint-Joseph est tenue par des jésuites qui accueillent des mères en difficulté et luttent contre le sida.
Après sa visite dans les ruelles en terre battue du bidonville,s, François se rendra au stade de Kasarani, à 22 km de là, où il rencontrera la jeunesse kényane.
Il achèvera sa visite à Nairobi par une rencontre à huis clos avec une trentaine d'évêques.
- L'Ouganda au passé tourmenté -
Un court vol l'emmènera ensuite en Ouganda, deuxième étape de son voyage africain, où il atterrira dans l'après-midi sur l'aéroport d'Entebbe. Il rencontrera le président Yoweri Museveni, la classe politique et le corps diplomatique, et prononcera le premier discours de son séjour d'un jour et demi dans ce pays au passé tragique de guerres, de violences et de dictatures, avec un taux particulièrement élevé de victimes du sida.
La dernière étape de cette journée chargée se déroulera à Munyonyo, près de Kampala, où en 1886 le roi ougandais Mwanga avait condamné à mort de jeunes pages chrétiens qui avaient refusé d'adjurer leur foi et de devenir ses esclaves sexuels.
Les forces de sécurité ougandaises seront déployées en nombre sur l'itinéraire du pape, dans un pays qui a déjoué récemment plusieurs attentats des islamistes shebab somaliens.
Comme le Kenya, l'Ouganda fournit un contingent militaire à la force de l'Union africaine en Somalie (Amisom). Il est donc une cible potentielle des islamistes somaliens liés à Al-Qaïda, qui avaient revendiqué en 2010 un double attentat à la bombe ayant tué 76 personnes dans un restaurant et un bar de Kampala.
Quelque 47% des Ougandais (soit plus de 17 millions) sont baptisés catholiques.
L'Ouganda est un des pays où les institutions sociales de l'Eglise sont les plus actives en Afrique. Dimanche, le pape s'envolera pour Bangui, capitale de la Centrafrique, déchirée depuis 2013 par une guerre civile qui voit s'affronter des milices chrétiennes et musulmanes - l'étape la plus risquée de son voyage.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousA lire aussi
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.