Le père d'une des victimes de l'attentat du 13 novembre au Bataclan, Jean-Marie de Peretti, a annoncé jeudi qu'il ne se rendrait pas à l'hommage national organisé vendredi, un choix déjà fait par une autre famille.
François Hollande prononcera un discours lors de cette cérémonie officielle, qui aura lieu dans la cour des Invalides, devant les familles des victimes et les blessés. Emmanuelle Prévost, la soeur de François-Xavier Prévost, tué lui aussi dans la salle de spectacle, a déjà indiqué en début de semaine qu'elle boycotterait l'événement.
"J'irai pas pour une raison simple", a déclaré Jean-Marie de Peretti, journaliste et membre du conseil d'administration de Reporters sans frontières, jeudi sur RMC: "quand nous avons tous été bouleversés le 7 janvier dernier par les attentats qui ont décimé la rédaction de Charlie Hebdo, j'ai pensé, au lendemain de cette attaque barbare, qu'il y aurait des décisions fortes qui seraient prises par nos gouvernants".
"Quand plus d'un million de personnes ont défilé entre la Bastille et la République, avec les chefs d'Etat, les chefs de gouvernement en tête, j'ai dit +ça y est on va avoir enfin une révolution pour que ces actes barbares ne se reproduisent pas+", a-t-il continué.
Evoquant des "effets d'annonce", Jean-Marie de Peretti dit avoir "l'impression que rien n'a été fait de concret".
Le père d'Aurélie a souligné que lorsque sa fille de 33 ans s'est rendue au Bataclan avec une de ses amies, sortie "grièvement blessée" de l'attentat, elles n'ont fait l'objet d'"aucune fouille alors qu'à Londres, le même type de concert engendrait une fouille systématique".
"On ne s'est pas concertés (avec les autres familles qui n'iront pas, NDLR). C'est une décision personnelle. J'appelle pas au boycott. () Je ne regarderai pas vendredi cet hommage national", a-t-il ajouté.
Le cercueil d'Aurélie, une fan de rock, a été décoré par des artistes, à la suite d'un appel lancé sur les réseaux sociaux par la soeur de la victime, qui sera inhumée jeudi près de Saint-Tropez.
Les attentats du 13 novembre à Paris et Saint-Denis ont fait 130 morts et quelque 350 blessés. Le pire carnage a eu lieu au Bataclan, avec 90 morts.
Sur Facebook, Emmanuelle Prévost, la soeur de François-Xavier Prévost, mort à 29 ans dans la salle de concert, a également accusé le pouvoir et la classe politique.
"Merci Monsieur le Président, Messieurs les politiciens, mais votre main tendue, votre hommage, nous n'en voulons pas et vous portons comme partie responsable de ce qui nous arrive!", a-t-elle lancé.
Patrick Jardin, le père qui avait interpellé Manuel Valls à la Gare du Nord à propos de sa fille Nathalie, régisseuse lumière tuée au Bataclan dont il n'avait pas de nouvelles, a, lui, choisi de de se rendre à la cérémonie de vendredi, après avoir envisagé de ne pas y aller.
"(Mon fils) m'a dit + papa, si l'Etat n'avait rien fait, t'aurais été le premier à râler. Comme l'Etat fait quelque chose, la moindre des choses c'est que tu y ailles+. Moi personnellement je voulais boycotter", a-t-il expliqué jeudi sur BFMTV.
Selon lui, la classe politique porte une part de responsabilité: "J'ai tout autant la haine des différents politiciens () aussi bien Les Républicains que le Parti socialiste que le Parti communiste, tous ces gens-là regroupés qui ont permis que de tels évènements puissent se produire en France".
Les mesures en vigueur dans le cadre de l'état d'urgence, mis en place au lendemain des dernières attaques, auraient pu, selon M. Jardin, éviter les attentats: "Si on avait fait la même chose après Charlie, peut-être qu'on n'aurait pas eu à déplorer" le drame du 13 novembre.
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