Le pape François allait jeudi à Nairobi à la rencontre des catholiques kényans dans ce qui est présenté comme la plus grande messe de son voyage en Afrique, après avoir dénoncé l'extrémisme lors d'une rencontre interreligieuse et avant un discours très attendu sur le climat devant l'ONU.
Le souverain pontife est arrivé vers 09H30 (06H30 GMT) en papamobile découverte à l'université de Nairobi, où doit se tenir la messe, accueilli par une foule d'une centaine de milliers de personnes, rassemblées debout sous des parapluies en raison d'une pluie fine, au son d'une chorale.
Certains ont confié être arrivés dès 02H00 du matin, malgré les averses torrentielles qui se sont abattues toutes la nuit, pour être sûrs de pouvoir entrer. Plusieurs de ces fidèles ont évoqué "un moment historique" qu'ils ne "voulaient pas manquer".
Plus d'un million de Kényans au total sont attendus à l'université et à Uhuru Park, un vaste espace vert du centre-ville, où des écrans ont été installés, alors que le premier voyage en Afrique de Jorge Bergoglio se déroule au milieu d'un impressionnant déploiement sécuritaire.
C'est à Uhuru Park que Jean Paul II avait rassemblé des foules imposantes pour des messes, lors de ses visites en 1980, 1985 et 1995.
François, arrivé mercredi soir de Rome, a rencontré jeudi matin à la Nonciature apostolique (ambassade du Saint-Siège), les représentants des Eglises anglicanes, luthériennes, méthodistes, pentecôtistes, ainsi que des dignitaires de l'islam et des religions animistes.
Dénonçant la radicalisation des jeunes "rendus extrémistes au nom de Dieu" pour mener "des attaques barbares", il a rappelé l'importance du dialogue entre religions. "Le dialogue oecuménique et interreligieux n'est pas un luxe, n'est pas optionnel, c'est quelque chose dont notre monde, blessé par des conflits, a toujours plus besoin", a-t-il martelé.
"Notre conviction commune est que le Dieu que nous cherchons à servir est un Dieu de paix! Son saint Nom ne doit jamais être utilisé pour justifier la haine et la violence", a t-il répété.
Plus de 400 personnes ont été tuées depuis deux ans dans des attaques menées par les islamistes somaliens shebab, liés à Al-Qaïda, certaines d'ampleur comme celle contre le centre commercial Westgate (au moins 67 morts en 2013), contre des localités de la côte (une centaine de morts en 2014) et contre l'université de Garissa en avril (148 morts).
La menace shebab est prise très au sérieux au Kenya, comme en Ouganda, prochaine étape vendredi du Pape. Les deux pays sont engagées militairement en Somalie contre les shebab.
Au Kenya, comme en Ouganda et en Centrafrique, la paix et la coexistence interreligieuse sont les priorités de cette tournée de six jours dans un continent marqué par les violences internes ou importées.
Mercredi soir, dans son premier discours à la présidence kényane, François avait, en termes mesurés mais fermes, énoncé clairement à une classe politique accusée d'avoir laissé se développer la corruption, les priorités de son agenda social: justice sociale, distribution équitable des richesse, transparence et honnêteté, développement durable, respect et préservation des immenses ressources naturelles kényanes.
Devant la foule des Kényans, jeudi, il devrait revenir sur les mêmes priorités avec plus de vivacité, et entendre des témoignages de fidèles.
Des prières devraient être dites en swahili, ainsi qu'en masaï, kiborana et turkana, des langues locales.
- Leçon attendue sur la protection de la planète -
Dans l'après-midi, François devait se rendre dans une école, la Saint-Mary'School, pour y rencontrer prêtres, religieux, religieuses et séminaristes. Un tiers des Kényans (13,8 millions) sont catholiques, et 2.744 prêtres, 800 religieux et 5.500 religieuses les encadrent, sans compter des milliers de catéchistes.
Autre rendez-vous très attendu, un discours au siège de l'ONU (UNON) en fin d'après-midi. A quelques jours de la conférence internationale sur le climat (COP21) qui s'ouvrira le 30 novembre à Paris, le pape, auteur d'une encyclique sur ce thème au printemps, prendra la parole sur la protection de l'environnement devant deux agences spécialisées qui ont leur siège à Nairobi, le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) et l'ONU-Habitat.
Manière pour lui de lier une nouvelle fois la dégradation de l'environnement à celle des conditions de vie, dans ce qu'il appelle "la culture du déchet" dans la mondialisation capitaliste.
La directrice générale de l'UNON, Mme Sahle-Work Zewde doit accompagner le pape dans le parc du siège de l'ONU à bord d'une voiture électrique, et François plantera un arbre, marquant symboliquement son attachement à la défense de "la création de Dieu".
Mercredi, près du palais présidentiel, François a déjà planté un olivier, pour les mêmes raisons. Ces gestes visent à défendre une nature qui est particulièrement affectée en Afrique par les désastres naturels et la pollution de l'homme.
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