Lancé dans un marathon diplomatique pour bâtir une coalition élargie anti-Etat islamique (EI), François Hollande a obtenu mercredi de Berlin la promesse de s'engager "vite" et "au côté de la France" dans la lutte contre le groupe jihadiste, avant de rencontrer jeudi Vladimir Poutine à Moscou.
La coordination de la lutte contre l'organisation jihadiste, déjà au centre d'une visite la veille du président français à son homologue américain Barack Obama, est ardue, surtout après la destruction mardi d'un chasseur russe par la Turquie, pays de l'Otan et membre de la coalition anti-EI, au motif que l'avion aurait violé son espace aérien.
Avant d'entamer des discussions sur la lutte contre le terrorisme et la question des réfugiés en Europe, le président français et la chancelière allemande Angela Merkel se sont rendus Place de la République à Paris, lieu emblématique des hommages rendus par les Parisiens aux 130 victimes des attentats du 13 novembre, revendiqués par l'EI.
Les deux dirigeants ont déposé une rose au pied de la statue au centre de la Place, débordant d'inscriptions, de fleurs et de bougies.
"Je souhaite que l'Allemagne puisse s'engager encore davantage dans la lutte contre Daech (acronyme arabe de l'Etat islamique) en Syrie et en Irak", a souligné le président Hollande lors d'une déclaration à l'Elysée au côté de la chancelière allemande. "Nous serons au côté de la France", lui a répondu cette dernière en promettant d'agir "vite".
L'Allemagne, qui ne fait pas partie de la coalition alliée engagée en Irak et Syrie, a annoncé vouloir envoyer jusqu'à 650 soldats supplémentaires au Mali afin de soulager l'effort de guerre de la France mené parallèlement au Sahel et au Moyen-Orient.
Les 27 partenaires de la France au sein de l'Union européenne vont tous apporter un soutien militaire direct ou indirect aux opérations françaises extérieures, a annoncé de son côté le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, sans plus de précisions.
- 'Anéantir Daech' -
Le Parlement français a massivement voté dans la soirée pour autoriser la poursuite des frappes aériennes en Syrie, décidées début septembre et intensifiées depuis les attentats de Paris.
"Il n'y a pas d'alternative: nous devons anéantir Daech", a lancé le Premier ministre Manuel Valls.
Malgré l'unité affichée entre la France et les Etats-Unis après les attentats de Paris, M. Hollande semble avoir obtenu mardi peu d'engagements à Washington auprès de Barack Obama, au-delà d'une promesse d'intensifier les frappes américaines et les échanges de renseignement bilatéraux.
M. Obama a émis de fortes réserves sur les possibilités de coopérer avec la Russie sur la Syrie tant qu'il n'y aura pas de "changement stratégique" de M. Poutine, rendant très hypothétique la possibilité de former un état-major de commandement unique incluant Moscou.
Washington et Paris reprochent à la Russie de frapper davantage l'opposition modérée syrienne que les positions de l'EI, et de soutenir le président Bachar al-Assad, dont les Occidentaux réclament le départ. Le conflit syrien a fait plus de 250.000 morts depuis 2011 et contraint des millions de Syriens à l'exil.
Le grave incident mardi à la frontière turco-syrienne entre Moscou et Ankara, qualifié de "coup de poignard dans le dos" par M. Poutine, n'a fait qu'ajouter aux difficultés de renforcer la coordination des opérations anti-EI.
Un pilote russe a été tué après le crash de l'avion SU-24. Le second a pu être sauvé, selon la Russie. Tout en qualifiant cette attaque de "totalement inacceptable", le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, a souligné mercredi que Moscou "ne fera(it) pas la guerre à la Turquie".
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a également assuré que son pays voulait éviter toute "escalade" avec Moscou.
- Drapeaux bleu, blanc, rouge -
L'EI a revendiqué mercredi l'attentat la veille contre un bus de la sécurité présidentielle à Tunis, faisant au moins 12 morts.
Et en Belgique, Bruxelles s'efforçait mercredi de reprendre une vie normale malgré le maintien de l'alerte terroriste à son niveau maximal, avec le redémarrage progressif de ses lignes de métro et la réouverture des écoles sous étroite surveillance policière.
Un des suspects-clés des attentats de Paris, le Français Salah Abdeslam, est activement recherché en Belgique. Bruxelles a également lancé mardi un mandat d'arrêt international contre Mohamed Abrini, identifié en compagnie de Salah Abdeslam, deux jours avant les attaques, et inculpé un cinquième homme pour "assassinats terroristes".
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