Onze jours après les attentats meurtriers de Paris, les présidents François Hollande et Barack Obama se retrouvent à Washington pour durcir la lutte contre les jihadistes de l'Etat islamique (EI), alors que les Occidentaux s'inquiètent du risque de nouvelles attaques.
Les efforts pour mieux coordonner le combat contre l'EI risquent toutefois d'être compliqués par le crash d'un avion de combat russe, abattu mardi par la Turquie, pays membre de l'Otan, à la frontière syrienne.
Ankara a assuré que le SU-24 russe avait violé son espace aérien, ce que Moscou dément. Un pilote est mort, l'autre disparu, selon l'opposition syrienne.
L'Otan va tenir une "réunion extraordinaire" mardi après-midi à Bruxelles à la demande d'Ankara.
Dans la capitale belge, où un suspect-clé pourrait s'être réfugié, le niveau d'alerte reste "maximal" pour la quatrième journée consécutive. Les Etats-Unis ont eux émis une "alerte mondiale" pour inciter leurs ressortissants à la prudence lors de leurs voyages à l'étranger.
Pour la première fois depuis les attentats du 13 novembre (130 morts et 350 blessés), le président Hollande a quitté la France, où les enquêteurs peinent à définir clairement le rôle joué par plusieurs protagonistes des attaques revendiquées par l'EI.
Après avoir obtenu lundi le soutien "ferme" du Premier ministre britannique David Cameron, François Hollande doit rencontrer son homologue américain à 15H00 GMT, avant un point-presse conjoint.
Pour la France, qui a intensifié ses frappes en Irak et Syrie et déployé son porte-avions Charles-de-Gaulle au large de la Syrie, l'un des enjeux de la rencontre est de demander aux Etats-Unis "d'être plus allant" face à l'EI, tant au niveau des frappes que du contrôle des flux financiers.
Poursuivant son offensive diplomatique, François Hollande verra mercredi à Paris la chancelière allemande Angela Merkel et jeudi à Moscou son homologue russe Vladimir Poutine. Il recevra dimanche le président chinois Xi Jinping.
Ses buts: renforcer la coordination entre tous les acteurs impliqués dans la lutte contre l'EI, et tenter sur un plan politique d'aller au-delà des divergences sur la Syrie, où Paris et Washington demandent le départ de Bachar al-Assad, alors que Moscou le soutient.
- "Sous quel régime vivons-nous ?" -
Pour le quatrième jour, Bruxelles restait privée mardi de métros et d'écoles en raison d'une menace "sérieuse et imminente" selon les autorités belges.
La capitale de l'Europe cherchait toutefois à garder un semblant de normalité grâce au maintien de la plupart des lignes de tramways et de bus. L'une des principales attractions touristiques de la ville, citée comme cible potentielle par le passé, l'Atomium, a même rouvert ses portes.
"On essaie de continuer à vivre mais la ville est morte, ça fait super bizarre", commentait Amina, une Bruxelloise de 27 ans, croisée avec son fils dans le centre historique, où les commerçants déplorent une chute de leur chiffre d'affaires.
"Si on ferme les écoles, si on interdit la culture, si on interdit la pratique du commerce () sous quel régime vivons-nous?", s'est interrogé le maire socialiste de Bruxelles, Yvan Mayeur, sur la radio RTBF. "Nous devons maintenant prendre les mesures qui permettent de revenir à la normalité tout en continuant la traque de ces gens", a-t-il ajouté.
Un des suspect-clé des attentats de Paris, Salah Abdeslam, est activement recherché en Belgique, où se multiplient les perquisitions depuis quelques jours. Si ce Français de 26 ans reste introuvable, quatre personnes ont été inculpées et écrouées en lien avec cette enquête.
Deux sont soupçonnées d'avoir exfiltré Salah Abdeslam en allant le chercher en voiture à Paris quelques heures après les tueries. Selon les médias belges, l'un des inculpés l'aurait accueilli à son arrivée à Bruxelles.
- Ceinture d'explosifs -
Frère d'un des kamikazes du 13 novembre, Salah Abdeslam a au moins participé aux préparatifs des attaques même si son rôle exact le jour J reste imprécis.
Devait-il lui aussi se faire exploser ? Lundi, un objet "qui s'apparente à une ceinture d'explosifs" a été découvert dans une poubelle à Montrouge, près de Paris, non loin des lieux où le téléphone de Salah Abdeslam avait été localisé le soir des attaques.
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