Une mélopée lancinante évoquant les Highlands écossais résonne au milieu d'un désert inhospitalier du Pakistan. Une unité très spéciale de l'armée défile au pas: un orchestre de cornemuses à dos de dromadaires, naseaux fièrement dressés.
Drapés de pourpre et d'or, contrastant avec le sable et les murs bruns du fort où ils sont stationnés, les dromadaires battent la queue en rythme. Sur leur dos, les musiciens se concentrent pour tenir la note en restant en équilibre.
"C'est très difficile de jouer de la cornemuse assis sur un dromadaire", reconnaît un joueur, Muhammad Hussain. "Mais nous en avons désormais maîtrisé l'art".
Ce singulier orchestre a été créé l'an dernier, après que des centaines de camélidés ont définitivement perdu leur raison d'être dans l'armée, tous remplacés par des 4X4 pour patrouiller la zone frontalière désertique proche de la ville indienne de Bikaner.
Les vaisseaux du désert se sont retrouvés réduits à des tâches subalternes, jusqu'à ce que naisse l'idée de les décorer et de leur mettre des musiciens sur le dos, pour en faire un orchestre rattaché à l'unité des Rangers du désert.
Après avoir fait leur première apparition publique devant des spectateurs médusés lors du défilé de la Journée nationale pakistanaise à Islamabad en mars, ils ont été déployés à Moj Garh, à 100 km à l'est de la ville de Bahawalpur, dans la province du Pendjab.
Dans ces contrées arides, ils s'entraînent chaque jour en rêvant à une future carrière internationale.
- Rivaliser avec l'Inde -
Pendant que les camélidés marchent au rythme des tambours, le lieutenant-colonel Abdul Razzaq explique à l'AFP que cet orchestre est une source de fierté pour l'armée pakistanaise: il permet d'être "sur un pied d'égalité" avec "notre ennemi", dit-il.
L'Inde compte en effet elle aussi un orchestre militaire à dos de dromadaires - "mais il s'agit d'une fanfare de cuivres", précise le colonel Razzaq.
"Nos soldats ne doivent pas être démoralisés Ils doivent se sentir fiers que nous ayons nous aussi ce genre d'orchestre. Nous ne sommes inférieurs à personne", ajoute-t-il.
A Moj Garh, une énorme ferme a été créée pour abriter 170 dromadaires, bêtes caractérielles à qui des cavaliers s'efforcent d'apprendre à rentrer dans le rang.
"C'est dur. Ils sont connus pour être colériques, revanchards et lunatiques", souligne le colonel Razzaq, pendant que les cavaliers enrubannent leur monture de fanions avant le début de la parade.
Une équipe de vétérinaires et aide-soignants s'occupe en permanence de la santé des dromadaires tandis que les cavaliers les nourrissent.
"Ils se fâchent et se mettent à se battre si nous ne les nourrissons pas à l'heure", indique à l'AFP l'un de cavaliers, Sepoy Asghar Ali.
Il décrit des animaux "assez intelligents" et qui "se mettent très facilement en colère", mais avec qui les relations sont devenues "amicales" après quelques accrocs.
"Nous leur avons appris à ne pas s'énerver, même lorsque résonnent les tambours. Et maintenant, ils obéissent à nos ordres", dit-il.
- La bosse de la musique -
Moj Garh, avec son fort multi-centenaire, est une base militaire pakistanaise, mais son climat désertique en a fait un lieu de choix pour stationner l'orchestre militaire et ses animaux.
Chaque spectacle met en scène 22 dromadaires transportant deux personnes chacun, un cavalier et un musicien.
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